Michel Houellebecq et Bernard-Henri Lévy : Ennemis publics
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Michel Houellebecq et Bernard-Henri Lévy : Ennemis publics

C’était le paquet-surprise de la rentrée littéraire française: la correspondance, jusque-là tenue secrète, de deux monstres des scènes littéraire et médiatique hexagonales, intellectuels de haut vol pour les uns, têtes de Turc pour les autres. Le résultat? Eh bien, reconnaissons d’abord la fraîcheur de l’initiative, ces deux hommes «que tout oppose» se prêtant sans économie à l’exercice, jusqu’à la confidence intime. Ennemis publics donne à lire des autoanalyses quelquefois sévères, des bribes d’aveux, un ou deux mea-culpa; BHL y admet faire de fréquentes recherches Google pour savoir ce que l’on dit de lui, histoire de préparer la riposte; Houellebecq se montre admiratif de la nature combative de son vis-à-vis, dont il comprend mal comment la superbe ne souffre pas davantage de toutes les baffes qu’il a reçues: «Un ego aussi bien trempé que le vôtre relève pour moi du mystère, voire de l’anomalie.» Les épistoliers ne s’écartent pas tellement de leurs positions connues, l’intérêt de ce livre n’est pas là, mais ils ont l’occasion de creuser leurs motivations et peurs profondes, faisant maintes fois référence aux auteurs qui comptent à leurs yeux. L’orgueil faisant son oeuvre, cela donne un peu dans l’auto-caricature, bien sûr, mais les masques tombent un à un, la parole sonne vrai. Ils ne tardent pas à noter, comme Schopenhauer, «qu’il est relativement difficile de mentir par lettres». Éd. Flammarion/Grasset, 2008, 332 p.

Ennemis publics
Ennemis publics
Michel Houellebecq et Bernard-Henri Lévy
Flammarion/Grasset