Michel Folco : Une affaire de famille
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Michel Folco : Une affaire de famille

Dans le quatrième opus de la saga familiale des Tricotin, Michel Folco nous balade de la campagne piémontaise aux grands hôtels viennois, en passant par les bordels de Turin. Où l’on croise Hitler enfant et Sigmund Freud. Truculent.

Voir: Marcello, petit-fils de Charlemagne Tricotin et héros de Même le mal se fait bien, apparaît médiocre et pas franchement sympathique. Vous ne faites pas de cadeaux à vos personnages.

Michel Folco: "Ils ne sont pas antipathiques mais c’est vrai, et je viens de m’en apercevoir, que mes personnages ont souvent comme moteur principal la vengeance. En fait, ce qui les caractérise, c’est l’absence de bons sentiments. J’aime prendre le contre-pied du héros classique, lisse. Marcello, comme les héros de mes précédents livres, est un bon à rien qui se trouve plongé dans une situation extraordinaire. Ce qui m’intéresse, c’est de définir au départ une psychologie plausible, et ensuite, je les fais voyager. Ils se retrouvent dans des endroits incongrus, mais ils doivent rester fidèles à cette psychologie de départ, et je dois donc respecter une logique. Pour mieux les cerner, je vais user d’une multitude de petits détails, qui les rendent plus authentiques."

Vous jouez beaucoup sur la rencontre entre la fiction et la réalité historique. Dans ce roman, vous allez jusqu’à élucider le mystère de l’identité du grand-père d’Hitler. Une hypothèse crédible?

"J’ai été fasciné quand je me suis aperçu qu’il existait un trou dans son histoire, qui ne sera jamais comblé: qui était son grand-père? Son père ne l’a jamais su, sa grand-mère n’a jamais voulu le lui dire. Je me suis glissé dans cette faille en essayant d’être le plus crédible possible, en me servant de détails connus sur la famille. J’ai lu tout ce que je pouvais trouver sur le personnage, en particulier les livres écrits par des gens qui ont connu Hitler lorsqu’il était jeune. Ça fourmille de renseignements! J’ai fait le même travail pour Freud. Incroyable, cet homme! À Vienne, en 1900, alors qu’il était juif, il balançait des trucs sur la sexualité infantile. C’était un modèle d’intellectuel, d’une grande honnêteté. Chacune de ses idées reposait sur un raisonnement infaillible."

Vous dites que vos trois têtes de Turc sont Hitler, Napoléon et… Dieu. Dans le livre, vous vous moquez vertement de la religion et, plus généralement, de la crédulité populaire.

"Dieu, au même titre qu’Hitler et Napoléon, est excessif. Avec son déluge, c’est toute l’humanité qu’il se paie, à l’exception de Noé et sa famille. C’est vrai que la religion m’agace. J’ai été dans une pension, chez les bonnes soeurs, et j’en garde un souvenir pas du tout ému. Les religieux nous ont donné 2000 ans d’obscurantisme. L’époque dans laquelle évolue Marcello est particulièrement cocasse en matière de croyances diverses. Il fallait voir les bobards balancés par les lobbys! Les compagnies de diligences prétendaient que le train faisait tourner le lait des vaches!"

Le livre prend fin le premier jour de la guerre de 14-18. On attend une suite?

"Je travaille déjà sur le prochain, qui démarrera un jour après, le 3 août 1914. Je lis actuellement des mémoires d’anciens combattants, dont le premier, écrit par un artilleur, est sorti en 1915. Bien sûr, on va retrouver Hitler, je suis coincé avec ça. Et je ne compte pas m’arrêter là, j’ai bien l’intention d’arriver à la Troisième Guerre mondiale, et de terminer avec un truc de science-fiction!"

Même le mal se fait bien
de Michel Folco
Éd. Stock, 2008, 597 p.

Même le mal se fait bien
Même le mal se fait bien
Michel Folco
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