Nicolas Langelier : Présent pluriel
Le journaliste Nicolas Langelier cultive un éclectisme bien de son temps et publie deux livres pour le prouver: un recueil de chroniques et des témoignages sur les années 00.
Inutile de remonter à l’Antiquité. L’an 2000 suffit. Plus que jamais, au cours des huit dernières années, les jeunes gens modernes – dont fait partie à merveille le journaliste indépendant, chroniqueur radio et télé Nicolas Langelier – se sont fait un devoir d’être éclectiques, voire hétéroclites. Mêler le savant et le populaire, le "bon goût" et le kétaine total, l’engagement et le romantisme. Cette mosaïque des humeurs et des tendances est illustrée à la perfection par les deux livres de Langelier.
D’abord, dans Quelque part au début du XXIe siècle, il a réuni une pléiade de créateurs et d’observateurs de sa génération pour raconter ce qu’ont été les années 00: "J’ai mijoté cette idée longtemps, je l’ai proposée à la Pastèque car je voulais un livre intéressant mais aussi un bel objet. J’ai choisi les auteurs d’une part par affinité personnelle. Mais je voulais aussi des gens différents, dans leurs domaines respectifs, dans leur vision des choses, dans le style. J’avais aussi un souci de cohérence, je ne voulais pas que ce soit trop disparate."
Au menu, ils sont 40: des journalistes (Marc Cassivi, Rima Elkouri), des bédéistes (Jimmy Beaulieu, Pascal Colpron), des auteurs (François Létourneau), cinéastes (Karina Goma, Stéphane Lafleur) et des touche-à-tout au talent stupéfiant qui enrichissent considérablement ce livre (Daniel Beaumont, Émilie Dubreuil). Langelier, qui signe lui-même un vox pop imaginaire, leur a donné carte blanche. On passe de la nouvelle à la bédé, de la chanson (Isabelle Blais) à l’analyse du nombril ou de la planète.
"À mon sens, ça prend un angle dans un livre. Et en même temps qu’un regard sur une époque, j’en voulais un qui soit générationnel. J’ai choisi des auteurs qui, selon moi, participent de ce qui se fait de plus avant-gardiste tant sur le plan intellectuel que culturel. Si on résume en quelques mots ces années-là, il y a eu une certaine déprime, une tristesse, mais aussi une renaissance, une forme d’espoir qui trouve son aboutissement avec l’élection d’Obama. Il ne faut pas oublier les nouvelles communautés qui se sont créées avec les nouvelles technologies", raconte Langelier au bout du fil.
DES CHOSES VRAIES, S.V.P.
Il y a un autre Nicolas Langelier, et on peut le rencontrer dans Dix mille choses qui sont vraies, un recueil de ses chroniques d’abord parues dans P45 et dans La Presse. Ici, le journaliste se laisse plus aller à la fantaisie, à l’humour élégant, et balance des sentences légères avec le sourire en coin. Ce sont des textes plus littéraires que journalistiques. Quelques titres au hasard: Vous êtes secrètement heureux d’avoir un rhume; Il y a des anciens partenaires sexuels dont vous avez complètement oublié le visage, et cela vous fait un peu peur; Nous nous méfions des gens qui marchent trop vite ou trop lentement… En s’éloignant des références scientifiques ou intellectuelles pour se plonger dans le sentiment et la beauté, il signe une de ses plus fortes chroniques (Il y a des jours pour travailler à la construction d’un monde meilleur, d’autres pour essayer une nouvelle recette de muffins).
"Quand j’ai recueilli mes choses vraies, ça m’a frappé. Beaucoup d’entre elles apportaient un regard sur notre époque, sur des changements sociaux. Souvent, je testais mes choses vraies avant de les écrire. J’en parlais à ma blonde. Et je me rendais compte que ce n’était pas assez répandu comme manière de voir les choses. J’ai toujours eu ce souci: si c’est juste moi pis ma gang qui pensons ça, ce n’est pas suffisant pour qualifier la chose de vraie." Mais c’est suffisant pour faire un chouette livre, ludique et rêveur.
Quelque part au début du XXIe siècle
de Nicolas Langelier
Éd. de la Pastèque, 2008, 184 p.
Dix mille choses qui sont vraies
de Nicolas Langelier
Éd. Les 400 coups, 2008, 224 p.
Quelque part au début du XXIe siècle
Dix mille choses qui sont vraies