Kim Doré : Maniérisme le diable

Si l’expression «valeur sûre» était compatible avec la poésie, nous l’accolerions sans hésiter à Kim Doré. Ouvrir l’un de ses recueils est toujours la promesse d’un choc, d’une expérience des limites. Maniérisme le diable est fait de cette langue drue, tissu noir aux mailles serrées, à travers laquelle la poète démontre toute sa précision dans le complexe, son intelligence d’un registre où d’autres confondent obscur et profond. La mort, l’inéluctable, les «démons ordinaires», les blessures jamais refermées, tout ceci est modulé par l’instinct de vie, celui d’une amoureuse, d’une mère, par moments convaincue que sur la douleur, de brèves «araignées du soir» peuvent tisser l’espoir. Éd. Poètes de brousse, 2008, 72 p.