Festival Voix d’Amériques : Amour oral
Le vibrant Festival Voix d’Amériques donne le coup d’envoi de sa 8e édition. Discussion sur l’art de faire passer les mots de l’écrit à l’oral avec quatre poètes qui y performent.
Pour le poète-performeur, le FVA est une occasion magnifique de sortir de sa zone de confort et de prendre le crachoir devant un public ouvert d’esprit. Lire sa poésie en public fait partie, pour certains, du processus d’écriture; c’est l’étape qui permet de fixer le texte écrit. Voici comment quatre poètes fébriles se préparent à faire voyager leurs mots de l’écrit à l’oral dans le cadre d’un festival qui encourage une prise de parole audacieuse.
Sur scène, Catherine Lalonde (Corps étranger, Cassandre) est dans son élément. Formée en théâtre et en danse contemporaine, elle s’approprie l’espace avec intensité et une aisance rare. "La lecture devant public me permet de voir si je suis juste dans ce que j’écris. Je sens tout de suite, avec une évidence terrible, si ça marche ou pas. C’est intuitif, quasi animal. Parfois les mots, dits, me donnent des ailes. Parfois ils tombent à plat. Parfois je leur découvre un deuxième et troisième sens. Ou un vide. C’est une terrible et très efficace façon de tester le poids que les mots ont pour moi." Elle participera à ce gros pow-wow qu’est "Poètes publics" (le 7 février, à la Sala) et au 5 à 7 "Band + Poésie" avec les gars d’El Motor (le 10, à la Casa).
Récipiendaire du premier Chasse-Spleen, un prix de reconnaissance des pairs, pour son recueil Dixhuitjuilletdeuxmillequatre, Roger Des Roches en est à son premier FVA. Il lira des textes au "Shift de nuit" lors d’une petite fête consacrée aux 40 ans de son éditeur, Les Herbes rouges, le 9 février (Casa). "Je suis toujours très craintif lorsque vient le temps de lire de la poésie en public, car on ne sait jamais de quoi sera fait ce public. De plus, contrairement au slam, la poésie n’est pas nécessairement conçue pour être lue de vive voix, et contrairement aux slameurs, les poètes n’ont pas toujours le "talent" pour lire de manière… accrocheuse ou "entertaineuse"."
Pour Danny Plourde, auteur de Calme aurore: s’unir ailleurs, du napalm plein l’oeil (prix Émile-Nelligan) et de Cellule esperanza (à paraître au printemps), qui performera lors de "Poètes publics" en compagnie de Catherine Lalonde, le contexte premier d’un poème n’est pas l’écriture: "Pour moi, c’est davantage la tradition orale, le son, la mélodie, le bruit, le malaise phonétique. La gêne et la fausse humilité ne sont pas de bonnes qualités pour un poète, poursuit-il. Il faut dire haut et fort ce qu’on écrit, sinon, pourquoi et, surtout, pour qui l’écrit-on?"
"Le FVA est un des rares festivals à être dirigés par une artiste qui a conservé sa pratique", observe D. Kimm. En plus de mener le bal, elle participe à deux spectacles: le mystérieux Miracle de Brahmine (le 9 à la Sala) et "Poètes publics". "Je me prépare en essayant de transgresser mes habitudes et de sortir de ma zone de confort. J’aime me mettre en situation de risque car j’aime l’intensité de devoir être complètement concentrée et alerte sur scène et ainsi de sortir de moi-même."