Serge Lamothe : Mélange corsé

Nom: Bernard Coste. Caractéristique physique dominante: gros, très gros. Occupation: manger, baiser.

Fils d’un marchand d’armes riche à millions, notre homme passe l’essentiel de son temps à se la couler douce. Voilà d’ailleurs ce qu’il fait en grand dans le sud de la Corse, installé comme tous les printemps à l’Auberge du Chasseur. Une bonne adresse, où Coste mange comme un monarque avant de se faire lui-même croquer, la belle serveuse de l’auberge, Sylvie, n’étant jamais avare de petits soins pour ce gros toutou dont elle est folle et qui raffole d’elle.

Autour de cet ogre épicurien et alcoolique, dont les péripéties nous sont contées par celui qui se dit son meilleur pote, narrateur de service, va se développer une énigme enlevante qui a pour point de départ la disparition de Julien, le frère de Sylvie. Un noeud de vipères bien serré, dans lequel s’entremêlent représentants de la mafia locale, terroristes corses et québécois, de même que médecins spécialisés dans le changement de sexe. Heureusement, le pachydermique Bernard se révèle fin limier en matière d’enquête et de compréhension des motifs cachés des uns et des autres.

Disons-le tout de go, Serge Lamothe ne réinvente rien. L’auteur de cinq romans allant du bien foutu à l’excellent (L’Ange au berceau par exemple, ou encore le déroutant Tarquimpol) a opté pour une honnête petite mécanique de polar, qui tient ses promesses, mais n’est pas le pied de nez au genre que l’on aurait pu attendre de la part d’un écrivain qui nous a maintes fois surpris.

Métarevers tient ses promesses donc, celles d’une intrigue précise, qui nous mène de Propriano à Montréal en passant par les confins de l’univers cybernétique, et on referme le livre le sourire aux lèvres, de bonne humeur, avant de passer à autre chose. Ce que Serge Lamothe a sans doute fait lui-même, une fois bouclé cet exercice réussi.

Métarevers
de Serge Lamothe
Éd. Coups de tête, 2009, 120 p.