Éric-Emmanuel Schmitt : Lire la musique
Avec le comédien Benoît McGinnis et l’orchestre de chambre I Musici, l’écrivain Éric-Emmanuel Schmitt nous offre Ma vie avec Mozart, un mariage de littérature, de théâtre et de musique qui s’annonce des plus heureux.
Au coeur de Ma vie avec Mozart, un roman publié en 2005 chez Albin Michel, Éric-Emmanuel Schmitt a placé un ado tourmenté, sur le point de s’enlever la vie, un jeune homme qui ressemble beaucoup à celui qu’il a été. Le jour où il assiste, par hasard, à une répétition des Noces de Figaro, un coup de foudre se produit, un engouement extraordinaire pour la musique de Mozart. La rencontre, bouleversante, salvatrice, rattache le personnage – et l’auteur – à la vie, lui ouvre les portes d’un monde plein de richesses et de beauté.
Grâce à l’équipe du Festival Montréal en lumière, l’auteur français, maintenant installé en Belgique, s’apprête à nous offrir une version scénique de cette autofiction épistolaire vendue à plus de 300 000 exemplaires. "On a fait à Bruxelles, un soir, une version qui était moins sophistiquée que ce qui sera présenté à Montréal, explique Schmitt au bout du fil. Ce dialogue entre les mots et la musique a été un moment complètement magique! Alors, quand on m’a proposé de faire ça à Montréal, j’ai tout de suite accepté, ne serait-ce que pour faire aimer Mozart autant que je l’aime."
Aussi à l’affiche de ce spectacle mis en scène par Luc Morissette, le comédien Benoît McGinnis (qui, heureux hasard, jouera chez Duceppe en mai, dans la pièce de Peter Shaffer, le rôle de Mozart). Pour Schmitt, partager la scène avec ce jeune comédien qui lui a été chaudement recommandé, c’est idéal. "Puisque beaucoup de textes portent sur l’adolescence, la jeunesse, je trouve ça bien mieux d’avoir un jeune comédien avec qui partager la scène. Comme ça, je jouerai l’homme mûr, ce que je n’ai pas de mal à faire, et lui, l’adolescent qui déprime, qui découvre Mozart, qui s’enthousiasme et qui aime pour la première fois."
Pour faire résonner la divine musique de Mozart, on a choisi rien de moins que l’orchestre de chambre I Musici, auquel s’ajoutent une chanteuse et un chanteur d’opéra, un piano et une clarinette. Profitons-en pour mentionner que l’ensemble dirigé par Yuli Turovsky célèbre cette année son 25e anniversaire d’existence. D’ailleurs, toujours à l’occasion de Montréal en lumière, un concert intitulé Les boeufs envahissent Paris! sera donné par l’ensemble le 25 février au Théâtre Maisonneuve.
En s’appuyant sur sa propre expérience, mais aussi sur les nombreux témoignages qu’il a reçus, l’écrivain affirme que la musique est une consolation pour plusieurs, qu’elle a présidé à la rédemption de bien des hommes et des femmes. "La musique m’aide à vivre, lance-t-il. La musique me console. La musique me tire des larmes quand je n’arrive pas à en avoir. La musique me donne de la joie et de l’allégresse quand je suis épuisé. La musique est un guide spirituel dans ma vie. Et Mozart est le chef de ce guide."
Puis, du même souffle, il ajoute: "Il faut ramener le spectateur à son expérience intime. Pour y arriver, il faut inventer de nouvelles formes de rencontre. C’est très bien de faire tout un concert de Mozart, mais c’est aussi très bien de mettre Mozart dans le tissu de notre existence quotidienne et intime, à travers les mots et les situations." Comme on dit, l’invitation est lancée.
ULYSSE FROM BAGDAD
Le plus récent roman de Schmitt, paru l’an dernier (aussi en version audio, par Bernard Malaka, chez Audiolib), s’intitule Ulysse from Bagdad. Il y est question de Saad, un jeune homme qui veut quitter Bagdad, son chaos, pour gagner l’Europe, la liberté, un avenir. "J’étais content que la presse soit bonne autour du livre, explique l’auteur. Parce que c’est un sujet délicat. L’immigration économique s’intensifie, et à mon avis elle précède l’immigration climatique. On semble avoir apprécié que je redonne un statut de héros aux clandestins. Disons qu’au journal télévisé, leur destin n’est pas du tout décrit comme héroïque. Je ne suis pas là pour donner des solutions, je n’ai pas cette prétention, mais pour rappeler les valeurs humanistes dont on pourra éventuellement s’inspirer pour agir." Éd. Albin Michel, 2008, 309 p.