François Désalliers : Les Géants anonymes
Douglas Coupland et d’autres se sont intéressés de près à ce paradoxe: derrière le décor lisse et rassurant des banlieues, couvent des drames souvent difficiles à percevoir mais qui, lorsqu’ils éclatent, laissent une balafre profonde au visage du rêve américain. François Désalliers propose lui aussi une plongée dans ces tragédies ordinaires, à travers les destins croisés de Francis et Léopold. Le premier, un écrivain qui a perdu ses repères, dans son oeuvre comme dans sa vie conjugale, retrouve un peu le goût de vivre auprès d’une jeune voisine, qui élève seule sa fille; le second, poseur de clôtures, s’éloigne de sa famille et vogue vers la folie. De part et d’autre une même douleur de vivre, qui prendra des dimensions inattendues. On cherche nous aussi nos repères dans ce roman qui veut embrasser large, mais on se laisse gagner peu à peu par la soif et les frêles espoirs de ses protagonistes. Éd. Québec Amérique, 2009, 264 p.