Marie Tifo : Relire l'histoire
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Marie Tifo : Relire l’histoire

Le Studio littéraire accueille Marie Tifo et sa lecture de La Soeur de Judith, ce roman de Lise Tremblay qui revisite le Québec de la fin des années 60.

Elle a tellement aimé ce livre qu’elle n’a pas hésité à insérer une parenthèse "Studio littéraire" dans un agenda chargé, le temps de nous lire à voix haute un morceau de La Soeur de Judith. Marie Tifo, qui prend part actuellement à la grande tournée de La Déraison d’amour, cette pièce dans laquelle elle prête ses traits à Marie de l’Incarnation, dit avoir revécu un pan de sa jeunesse à travers le cinquième roman de Lise Tremblay, paru chez Boréal en 2007. Nous en avons discuté avec elle.

Voir: Parlez-nous un peu de la première lecture que vous avez faite de ce livre. Vous vous y êtes, paraît-il, reconnue.

Marie Tifo: "Oh oui, dès les premières pages… Il faut dire que je viens moi-même de Chicoutimi, et que j’ai moi aussi été cette fillette de 11 ans en attente de son adolescence, à une période où la société changeait si vite autour. Je me suis reconnue jusque dans les détails parfois, dans l’admiration pour le beau Bruce des Sultans, par exemple. Les similitudes m’ont bouleversée, donc, mais au-delà de ça, ce livre est magnifique, il montre le Saguenay d’alors mais il a aussi un côté universel; il montre la fragilité du rêve aussi. J’ajoute que le personnage le plus fascinant du roman, pour moi, c’est la mère. On se retrouve à une époque où il y avait les mères d’un côté, nous de l’autre. Certaines cassaient le moule, comme celle de la narratrice, et redéfinissaient les rapports mère-fille."

Comment prépare-t-on une telle lecture publique? Ce n’est pas du théâtre, et en même temps il faut insuffler quelque chose au texte…

"Il faut d’abord conserver une pudeur, se rapprocher de l’auteure autant que possible, de ses mots. Je suis grand-mère maintenant, vous savez, et je raconte souvent des histoires à mes petits-enfants. Je dirais que je vais adopter un peu la même approche: je vais colorer les personnages, utiliser les possibilités de la voix, c’est sûr, mais ce n’est pas du théâtre, pas du tout. Je dois m’effacer derrière le texte. Il me reste à décider si je propose un découpage du roman ou si j’en choisis un seul segment particulièrement important…"

Plusieurs commentateurs ont chanté la magie de cette écriture, le don qu’a Lise Tremblay de nous entraîner, avec des mots simples, dans le monde du souvenir. Où se situe la magie de cette écriture, selon vous?

"Lise Tremblay arrive à rendre chaque personnage très présent, dans un décor tellement concret qu’on s’y croirait nous-mêmes. Il y a quelque chose de cet ordre-là. Et cette manière de nous emmener dans le souvenir tout en abolissant la distance, de faire en sorte que le passé devienne du présent… Ç’a été une grande découverte de lecture pour moi, et avec ce Studio littéraire, j’espère donner à d’autres le goût d’ouvrir La Soeur de Judith."

Consultez la page du Studio littéraire au www.voir.ca/studiolitteraire.