Katerine Caron : Encore vivante
Encore vivante s’inscrit parmi ces recueils, de plus en plus nombreux semble-t-il, qui ont pour ancrage un événement précis, concret. En l’occurrence un accident, tel que brossé rapidement au tout début du livre: «Aller poster une lettre le trois août 1999, / se faire happer sur le trottoir par une voiture, / se réveiller avec un sous crâne comme ça / tête restante». Les poèmes qui suivent disent la blessure et les élancements qui la prolongent, moins dans le corps que dans l’esprit, puis la convalescence et la renaissance. Oubliez la chambre d’hôpital et les bandelettes stériles: ce qui prend toute la place ici, ou presque, c’est la conscience de la fragilité du vivant; le temps qu’il faut pour s’ouvrir de nouveau à l’amour et au désir, après un traumatisme, et pour tendre des mains «revenues à la faim». Omniprésente, la métaphore de l’arbre, de ses branches qui s’élèvent vers le ciel malgré les vents mauvais. Voilà une poésie discrète, parfois prévisible, mais porteuse d’images fortes. Un exemple: «Le temps / Ne passe plus / Il se dépose / En moi». Éd. du Noroît, 2008, 52 p.