Georges Lafontaine : Un espion à Bouchette
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Georges Lafontaine : Un espion à Bouchette

Le prolifique Georges Lafontaine nous livre son quatrième roman, L’Orpheline, où la fiction et la réalité s’amalgament pour former une intrigue fascinante. Brève enquête auprès d’un journaliste chevronné.

Qui aurait cru qu’un espion allemand vivait à Bouchette pendant la Seconde Guerre mondiale? "Il y a toujours des histoires intéressantes à raconter", affirme Georges Lafontaine, originaire de la Vallée-de-la-Gatineau. On n’est jamais isolé du reste du monde. On a beau être à Bouchette, à Messines ou à cent mille lieues d’un conflit, il y aura toujours des répercussions chez nous."

La première fois qu’il eut vent de cette histoire, l’auteur croyait qu’il s’agissait d’une autre légende née de la guerre mondiale. Après deux ans de recherches, il découvre des faits troublants concernant cet espion du nom de John David Burger, alias M. Burgess dans le roman. "Les gens me parlaient d’un lieu, Burgerville. Je me suis toujours imaginé un casse-croûte. J’avais suivi cette piste pour trouver l’endroit, mais je m’étais perdu en cours de route", raconte l’auteur.

Véritable investigateur, il s’est alors mis à étudier les titres de propriété de terrains, le testament de M. Burger et les documents du Gatineau Fish and Game Club, une association située à côté du domaine de l’espion où se rencontraient des généraux et des ministres de l’époque. Afin de vérifier si les environs étaient sécuritaires pour de telles conférences, le gouvernement avait envoyé la Gendarmerie royale du Canada inspecter les environs, lorsque celle-ci est tombée sur l’équipement de communication radio et les cartes géographiques appartenant à M. Burger. "Il menait une vie de pacha! s’exclame M. Lafontaine. Il est arrivé de nulle part, est devenu président d’une compagnie qui fabriquait des pipes. Il avait fait construire une grande auberge et même une piste d’atterrissage."

Journaliste de longue date dans la région de Maniwaki, M. Lafontaine est bien connu des gens de Bouchette, qui n’ont pas hésité à s’ouvrir à lui. Ces témoignages lui ont été essentiels pour "rendre le côté humain des hommes et des femmes de l’époque", avoue-t-il. Son récit, inspiré de la vie de ces individus, est entrecoupé par l’histoire d’Agathe Lecours, le personnage principal, qui représente la partie fictive du roman. Agathe part à la recherche de ses origines à la suite du décès de sa mère, l’orpheline du livre, dont le testament la conduira à Bouchette, où elle fera des découvertes bouleversantes, non sans recevoir des menaces d’une personne voulant garder l’affaire secrète.

Éprouvante, la période d’écriture du livre de M. Lafontaine a été interrompue plusieurs mois, notamment par les décès de son père, de sa mère et de son frère; les deux premiers lui livraient souvent des témoignages sur leur vie de l’époque. "J’avais de la difficulté à m’accorder le droit de réécrire", confie-t-il. En hommage à la mémoire de ses parents, il a finalement achevé L’Orpheline, chaudement reçu par sa communauté, et concocte présentement deux autres romans aux sujets tout aussi alléchants: l’un traitera de la cryogénisation, et l’autre, d’une aventure algonquine.

L’Orpheline
de Georges Lafontaine
Éd. Guy St-Jean, 2009, 421 p.

À lire si vous aimez / Des cendres sur la glace de Georges Lafontaine, Frères ennemis de Jean Mohsen Fahmy, M. et Mme Jean-Baptiste Rouet de Denis Monette

L'Orpheline
L’Orpheline
Georges Lafontaine
Guy Saint-Jean