François Lévesque : Voleurs d’enfance
François Lévesque signe un premier roman pour adultes troublant, un triste rappel du cauchemar que vivent trop d’enfants.
Quand on plonge dans Un automne écarlate, on s’attend à découvrir une intrigue fantastique, menée par un enfant trop influencé par son amour du morbide. À huit ans, Francis a vu tous les films d’horreur de son vidéoclub et connaît par coeur les répliques du Loup-garou de Londres et de Vampire, vous avez dit vampire?. Un tel penchant pour l’hémoglobine et les créatures de la nuit ne se termine pas forcément mal, se dit-on. Après tout, le personnage central du roman est un gamin vif d’esprit et observateur, mais un gamin quand même. Mais voilà, tous les événements d’Un automne écarlate convergent vers une issue tragique.
Si les films d’horreur des années 1980 sont à l’honneur dans le roman, c’est que l’auteur, critique cinéma au quotidien Le Devoir et à l’agence de presse Mediafilm, est un amateur, et il n’a pas oublié ses classiques de l’époque, qu’il nous fait redécouvrir par la bande. La force du roman noir réside toutefois dans le choix du héros. Quand sa mère lui dit que son père est parti en voyage d’affaires et que, six mois plus tard, il n’a toujours pas donné signe de vie, Francis devine qu’il ne reviendra pas, tout comme il sait qu’il ne peut pas empêcher la méchante Sophie de s’en prendre à lui à l’école.
Francis supporte le départ de son père et l’état dépressif de sa mère grâce à la présence de sa gardienne Nancy, mais quand celle-ci est internée en psychiatrie à la suite du meurtre de son cousin Samuel, l’univers du gamin bascule. L’arrivée d’un nouveau voisin, qu’il croit être un vampire, donne le coup d’envoi à une chasse aux sorcières qui se terminera dans un bain de sang.
François Lévesque décrit avec réalisme le sentiment d’aliénation qu’éprouve Francis à l’école et à la maison. Mais plus la conclusion approche et plus Francis perd contact avec la réalité, plus l’auteur multiplie les fausses pistes et les causes de son comportement erratique, de sorte qu’on tourne la dernière page du roman avec l’impression de ne pas avoir bien compris l’ampleur du drame vécu par le gamin.
Un automne écarlate
de François Lévesque
Éd. Alire, 2009, 369 p.