Margaret Atwood : Comptes et Légendes
Margaret Atwood joue les conseillères financières. Enfin presque, car si l’auteure s’intéresse à la dette, ce n’est pas dans ses menus détails transactionnels. Après tout, la dette existait à la préhistoire, avant l’argent. C’est d’ailleurs une notion que nous partageons avec nos cousins chimpanzés.
Mais Atwood est d’abord un animal littéraire. Elle nous rappelle qu’en littérature aussi l’argent est le nerf de la guerre. De Shakespeare à Joyce, en passant par Dickens, elle épluche, avec une certaine malice, les flots de capitaux qui ont causé tant de tourments aux héros des plus grands romans. À Dickens elle emprunte Scrooge, l’avare grognon du Conte de Noël, qu’elle transpose à notre époque. Dans une saynète qui est le point d’orgue de l’essai et où l’on retrouve, avec joie, la romancière Atwood, Scrooge-le-moderne apprend qu’il lui reste une dette ultime à payer. Celle que l’on contracte tous en naissant et qui devrait nous imposer un certain sens des responsabilités. Éd. Boréal, 2009, 209 p.