Michel Vézina : Les liens du sang

Michel Vézina démontre qu’il n’est pas nécessaire de passer par quatre chemins pour plonger le lecteur dans une atmosphère sordide, propice aux émotions fortes. Dès la première page, il nous entraîne dans une histoire abracadabrante de meurtres en série, qui débute avec la découverte du cadavre d’une femme sur une plage de Rimouski. Pour l’inspecteur Charles Lepage, le choc est immense: le corps effroyablement mutilé qu’il a sous les yeux appartient à l’amour de sa vie, disparue depuis 32 ans. Soucieux de ne pas montrer la douleur qui l’habite, le policer de la SQ ressasse le passé et cherche le coupable, mais le destin a d’autres projets: l’assassin se présente chez lui et après de surprenants aveux, il exécute le policier avant de retourner l’arme contre lui.

Entre alors en scène Mélanie Bonne, reporter pigiste à la recherche d’un reportage croustillant. Quand elle lit la une du Journal de Montréal consacrée au fait divers, elle se souvient d’une histoire semblable survenue à Moncton. Existe-t-il un lien entre les deux affaires? Elle se propose de le découvrir.

Une fois à Rimouski, Mélanie espère convaincre le capitaine Bélanger de la SQ de répondre à ses questions. Quant au capitaine, il préférerait oublier les événements qui ont conduit à la mort horrible de son collègue, mais un nouveau triple meurtre, près de Boston, le fait changer d’avis: "D’l’astie de belle marde, han?" fait-il remarquer à Mélanie lors de leur première rencontre. Effectivement, et ils n’ont pas fini d’en pelleter! Alors qu’ils poursuivent leurs recherches, un troisième joueur vient mêler les cartes. Fondateur d’une association cherchant les parents d’enfants abandonnés, Faustin Robert se fait passer pour un policier de New York plein de ressources, mais sa visite à Rimouski cache un secret aux accents vaudou.

On s’imagine facilement le malin plaisir qu’a pris Michel Vézina en faisant s’entrechoquer les destins de ses personnages. Tous les éléments sont réunis pour qu’on dévore le polar d’une traite: une intrigue tordue mais qui se tient, et une écriture qui a du rythme.

Sur les rives
de Michel Vézina
Éd. Coups de tête, 2009, 160 p.