Mylène Durand : L’Immense abandon des plages
Ce roman est comme une petite maison posée sur la plage: le vent, le sable et le sel entrent de partout, infatigables. Au coeur de l’histoire, les Îles-de-la-Madeleine, puis le drame qui s’y joue quand une femme tombe du haut d’une falaise. Par fragments, Mylène Durand montre les échos de ce drame chez les trois enfants de la disparue, qui vivront le deuil de manières très différentes. L’héritage d’Anne Hébert, criant, n’est pas qu’entre les lignes puisqu’il sera quelquefois question ici du Tombeau des rois (on pense aussi au recueil Le Torrent), et l’ensemble s’inscrit dans une certaine littérature québécoise où la nature est présente au point de devenir personnage; où la langue se fait souvent poésie, aussi (le titre est un vers emprunté à Marie Uguay). Un premier livre qui n’est pas sans maladresses – la tonalité des voix qui s’entrecroisent, celles en outre d’Élisabeth et Claire, les filles de la victime, n’est pas suffisamment définie, on y entend la même musique -, mais les mots ont parfois la folle puissance des courants marins. Une auteure à suivre de près. Éd. Pleine lune, 2009, 108 p.