Pour illustrer l’horreur de l’immigration d’une famille dominicaine au pays de l’Oncle Sam, Junot Díaz (né à Saint-Domingue puis élevé dans une banlieue populaire de New York) n’a eu qu’à puiser dans ses propres souvenirs. Le héros de son dernier roman, La Brève et Merveilleuse Vie d’Oscar Wao, est un adolescent introverti, moche et obèse, qui trouve dans la lecture de fantasy et de science-fiction une manière de s’évader hors de son patelin du New Jersey, tout comme l’écriture qu’il apprivoisera par la suite alors qu’il aspire à devenir rien de moins que le «Tolkien dominicain». Avec ses accents d’épopée et son écriture métissée (un «spanglish» que la traduction française parvient à rendre correctement), ce Pulitzer 2008 décrit la misère de l’exilé sans apitoiement, de façon décalée et avec juste assez d’exubérance pour nous divertir sans nous priver d’un certain inconfort, la bonne conscience nord-américaine en prenant ici pour son rhume. Trad. par Laurence Viallet. Éd. Plon, 2009, 294 p.