Chris Greenhalgh : Coco et Igor
Satie, Cocteau, Radiguet, Cendrars, Diaghilev, les grands artistes de son époque ont tous été fascinés par le charme de cette femme atypique. Si le coeur de Chanel a d’abord été celui d’un seul homme, Boy Capel, un Anglais fortuné, c’est sa relation tumultueuse et coupable avec Igor Stravinski qui fait l’objet de Coco et Igor, roman de Chris Greenhalgh que Jan Kounen a porté à l’écran cette année.
En 1913 Chanel, habillée d’une magnifique robe blanche, dont l’élégance simple contraste avec les tenues de soirée empesées des femmes de la haute bourgeoisie parisienne, assiste à la première du Sacre du Printemps, ouvre anticonformiste qui scandalise le public. Sept ans après, Coco est au sommet de la gloire, mais elle est dévastée: Boy vient de mourir. Le hasard fait qu’elle rencontre Igor, réfugié à Paris suite à la Révolution russe. Elle lui propose de l’héberger dans sa luxueuse villa près de Garche. Le compositeur, au bord de la faillite, s’y installe avec sa femme souffrante et ses quatre enfants. Commence alors une liaison passionnée et déchirante entre les deux artistes.
C’est une Coco plus sensible, moins sèche que celle de Morand que Greenhalgh dépeint avec beaucoup d’habileté, une Coco qui a des failles dans son armure. Stravinski et Chanel, ce sont deux lignes parallèles, deux trajectoires qui ne peuvent jamais se rejoindre tout à fait. Greenhalgh place leur génie à égalité. Car coco aussi «compose» son propre chef-d’ouvre qui, comme une symphonie, n’a de titre qu’un numéro: le 5. Éd. Calmann Lévy, 2009, 309 p.