Paul Morand : L'allure de Chanel
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Paul Morand : L’allure de Chanel

Il est logique que ce soit Paul Morand, contemporain de Gabrielle Chanel, écrivain brillant de l’entre-deux-guerres, l’un des premiers Français à s’inspirer d’une urbanité cosmopolite teintée d’art et de jazz, qui se soit imposé comme grand biographe de Coco. Comme elle, Morand était un rebelle. Paru 5 ans après la mort de son sujet, L’Allure de Chanel sera le dernier roman de Morand. Sa parution marquera la fin d’une époque.

C’est en 1946 qu’ils se sont rencontrés, tous deux en exil dans un palace suisse. Là, Morand retranscrit les longues discussions qu’il a avec Chanel. Elle se joue un peu de lui. Lui raconte ce qu’elle veut bien, s’invente une enfance auvergnate, passe sous silence ses années cabarets mais aussi son attitude pendant l’Occupation. Mais 30 années de carrière, «c’est une grande forêt». De ce cocktail de vérités et d’omissions, il tirera un magnifique texte, l’autobiographie qu’aurait pu écrire Chanel si elle n’avait pas été trop occupée à son commerce.

Morand fait plus que devenir le porte-voix de l’illustre Mademoiselle de la rue Cambon, de sa force de caractère, de son inconstance, de sa légèreté aussi, de son intelligence et de son ambition surtout: il l’incarne. On le sent possédé. C’est qu’il aura fallu une femme d’exception pour libérer les femmes en les décorsetant, pour réécrire, à elle seule, les lois de l’élégance. «La tenue esthétique n’est jamais que la traduction extérieure d’une honnêteté morale, d’une authenticité des sentiments», dira-t-elle. Mais les sentiments, pourtant, elle s’en méfie: «Combien je déteste la passion, quelle abomination, quelle affreuse maladie!» Éd. Folio, réédition 2009, 248 p.

L'allure de Chanel
L’allure de Chanel
Paul Morand
Folio