Freelance : Contre-culture pour tous
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Freelance : Contre-culture pour tous

Philippe Garnier raconte dans Freelance la presse alternative des années 60 et 70 à travers le parcours du journaliste Grover Lewis à Rolling Stone et ailleurs, à l’ère de la contre-culture.

Ce livre mijote dans le rock et la culture alternative de l’Amérique des années 60 et 70, un moment de libertés où les spectacles duraient des heures, voire des jours, et les articles de presse, des dizaines de pages. Le texte fondateur ici, celui qui a tout déclenché chez Philippe Garnier (l’émerveillement, l’envie de pratiquer ce journalisme-là, de rencontrer son auteur), s’intitule Splendor in the Short Grass. Publié en septembre 1971 dans Rolling Stone, il fait plus de 40 pages! Signé Grover Lewis, c’est un reportage sur les plateaux de tournage du Last Picture Show. La particularité, c’est que Lewis joue dans le film. Oubliez donc la neutralité, il se permet toutes les audaces, les moqueries. C’est sa marque de commerce, même lorsqu’il n’est qu’observateur.

Dès les premières pages de Freelance, le journaliste et auteur Philippe Garnier prévient le lecteur. Parlant de Grover Lewis, il écrit: "N’ayant jamais pu l’aider à être publié en France de son vivant, il m’incombe ici de donner son histoire et, dans une mince mesure, une idée de son travail. D’où la nature de ce livre, plus hybride encore qu’à mon ordinaire – à la fois reportage, souvenirs, biographie, et anthologie partielle."

Garnier, Français exilé aux États-Unis depuis des décennies, a fini par rencontrer et se lier d’amitié avec Lewis. Ce dernier étant mort avant d’avoir pu raconter sa vie, son ami prend le relais. Leurs parcours s’entremêlent, et Garnier prend également le temps de raconter l’histoire de la presse alternative. Il y a dans ce livre, sous-titré "Une vie dans les marges du journalisme", des pages captivantes pour qui s’intéresse à ce métier. Longtemps publié dans Rock & Folk et Libération, Garnier connaît son domaine à fond.

Mais le coeur de Freelance, ce sont les reportages qu’a faits Lewis sur les différents plateaux de tournage, et là, rien ne nous est épargné. Garnier se lance dans une série de détails inutiles, de descriptions ennuyeuses. À l’instar des papiers de son maître, son livre aurait bénéficié d’un resserrement. À l’osmose entre l’auteur et son sujet, on aurait préféré une plume moins complaisante.

Freelance: Grover Lewis à Rolling Stone
de Philippe Garnier
Éd. Grasset, 2009, 443 p.