Gipi : Ma vie mal dessinée

«Mais je ne suis pas perturbé. Je suis fou. J’ai mal au cerveau. Et je suis épouvanté. Plus qu’épouvanté.» Récipiendaire du Prix du meilleur album au Festival d’Angoulême en 2006 avec Notes pour une histoire de guerre, Gipi livre avec Ma vie mal dessinée les bribes rocambolesques de sa jeune existence sous forme de psychanalyse déjantée. Traumatisé depuis l’enfance par une tentative d’agression sur sa soeur, incapable d’une vie sexuelle normale, l’auteur, entre deux rendez-vous chez le médecin pour sa «maladie du zizi», explore sans le moindre souci chronologique les méandres de sa mémoire affective, à laquelle il superpose des épisodes fictifs, tout droit sortis de l’imaginaire de l’enfance. De cette existence colorée (les aquarelles n’étant pas sans rappeler la délicatesse graphique d’Hugo Pratt), entre pirates et soldats de la Deuxième Guerre, l’auteur tire une force et une drôlerie irrésistibles, qui tranchent avec les passages plus à plat, traités à l’encre et en noir et blanc. Entre les deux, un abîme de complexité, de cruauté et de tendresse. Magnifique. Éd. Futuropolis, 2008, 140 p.