Margaret Laurence : Femme au bord de la crise de nerfs
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Margaret Laurence : Femme au bord de la crise de nerfs

Ta Maison est en feu, le troisième livre de Margaret Laurence à être traduit pour le public francophone, nous replonge dans le cycle de Manawaka.

Stacey MacAindra approche la quarantaine. Moche, grosse, déséquilibrée et mauvaise mère, voilà le reflet que lui renvoie son miroir. Un verre de gin tonic à la main, elle songe à la jeune femme qu’elle était avant son mariage avec Mac, avant les quatre enfants, alors qu’elle rêvait de liberté et qu’elle cherchait le regard des hommes en se déchaînant sur les pistes de danse. La jeune Stacey Cameron qui voulait quitter Manawaka, son patelin natal, à tout prix.

Chaque jour qui passe, le constat se fait de plus en plus dur; au fil des grossesses, sa vie s’est effritée pour prendre un sens qu’elle ne parvient plus à saisir. Dans sa maison en banlieue de Vancouver, Stacey MacAindra étouffe. Mariée à un représentant qui lui porte un intérêt encore moins vif qu’aux douteux médicaments qu’il vend, elle élève leurs enfants. Son rôle de mère est à la fois sa raison d’être et ce qui la pousse au bord du gouffre.

Dans sa névrose, Stacey ne rêve que de se sauver, comme pour courir après sa jeunesse perdue, mais la réalité la rattrape toujours. La rencontre de Luke, jeune homme de plusieurs années son cadet à l’esprit bohème, viendra chambarder ses convictions et son univers.

Troisième titre du cycle de Manawaka, Ta Maison est en feu, paru en 1969 en anglais sous le titre The Fire-Dwellers, succède à Une Divine Plaisanterie (A Jest of God) qui raconte l’histoire de Rachel Cameron, la soeur de Stacey, un roman qui avait par ailleurs été porté au grand écran par Paul Newman. Par cette troisième traduction, les éditions Alto réitèrent l’intention de rendre accessible au public francophone l’oeuvre d’une grande auteure canadienne qui n’avait pas encore été traduite en français.

TOUT FEU TOUT FLAMME

Avec ce titre, Margaret Laurence nous offre une héroïne qui rappelle inévitablement les autres protagonistes du cycle de Manawaka, une femme esseulée, dépossédée. Par sa narration habile, elle ne se contente pas de nous transporter au coeur de la vie de Stacey MacAindra: elle nous fait voyager entre les pensées de la femme et sa description du quotidien.

Le ton est d’une sincérité et d’une ironie qui frappent dès la première page et la traduction, par Florence Lévy-Paloni, se lit comme un original. Sous la plume de Laurence, la monotonie n’empêche pas une tension digne d’un thriller, dont les personnages sont, derrière les apparences, plus complexes qu’il n’y paraît. C’est par ailleurs avec plaisir qu’on retrouve des personnages d’autres titres de l’auteure manitobaine, comme quoi le cycle de Manawaka n’est pas tout à fait hermétique. Le volumineux roman se dévore tout simplement trop rapidement.

Ta Maison est en feu
de Margaret Laurence, préface de Lise Tremblay
Trad. de l’anglais par Florence Lévy-Paloni
Éd. Alto, 2009, 429 p.

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Margaret Laurence
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