Gallimard a rassemblé en un seul volume de l’excellente collection Quarto la majorité des romans de Romain Gary et de son alter ego, Émile Ajar. De «l’aube mauvaise de septembre», dans les tranchées du front de l’Est de l’Éducation européenne au «Je me suis bien amusé. Au revoir et merci» de Vie et mort d’Émile Ajar, c’est plus de 30 ans d’écriture, de guerres, de diplomatie, d’amours, d’angoisse et de succès littéraires (dont son deuxième Goncourt, la plus brillante supercherie de l’histoire moderne de la littérature française) qui ont coulé. «On est toujours piégé par un je», écrivait Gary. L’auteur a passé sa vie à essayer de le cerner, ce «je» responsable de tant de peine. Gary n’aimait pas Gary, il aimait Ajar un peu plus. En 1980, il se suicide, mettant un terme au jeu de miroirs qui aura été sa vie. Mais c’est l’espoir qu’on retiendra de Gary comme d’Ajar. Éd. Quarto Gallimard, 2009, 1428 p.