Patrick Senécal : L'enfer en Wi-Fi
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Patrick Senécal : L’enfer en Wi-Fi

Dans Hell.com de Patrick Senécal, les portes de l’enfer sont sur le Web.

Dans son dernier roman, Patrick Senécal raconte la descente aux enfers de Daniel Saul, magnat québécois de l’immobilier. Jeune, beau, intelligent, le milliardaire n’est pas un tendre. Il aime le pouvoir, le recherche. Il n’a pas beaucoup de pitié pour les petits, les losers. Quand Martin Charron, investisseur et ancien confrère de collège, lui propose de devenir membre de Hell.com, un site Internet secret fréquenté par l’élite financière et politique, où tous les vices peuvent être assouvis, y compris les plus vils, il se laisse tenter. À ses risques et périls.

TECHNOTHRILLER

Hell.com a, par moments, des accents de technothriller à la William Gibson. Pour Senécal, comme pour l’auteur américain, la technologie peut être un vecteur du mal. "Si le diable existait, je suis convaincu qu’il se servirait d’Internet", suppose Senécal. Mais l’Internet qu’il évoque n’est pas celui que nous visitons tous les jours. "On dit souvent que c’est facile de trouver de la pédophilie ou autres horreurs du genre sur le Web, explique l’auteur. C’est, en fait, assez faux. Il existe, en effet, des sites criminels secrets sur lesquels on peut trouver des choses encore pires que celles que je décris dans mon livre. Mais elles ne sont pas répertoriées dans Google. Ce sont des réseaux parallèles et underground." Pour y accéder, il faut qu’un initié donne au nouveau visiteur une adresse Internet cryptique, longue succession de chiffres et de lettres, il faut aussi ne pas laisser de traces de visite. "J’ai voulu que les procédures décrites dans le livre soient réalistes. Je voulais montrer comment il se fait que ces sites ne sont pas facilement identifiables par les autorités: la manière dont on cache son ordinateur, dont on peut pirater des réseaux Wi-Fi pour y accéder, etc."

UNE DENT CONTRE LES RICHES?

Hell.com est fréquenté par des nantis qui, dans ce roman, ont le monopole de la cruauté, de l’inhumanité. "Ce n’est pas que j’aie une dent contre les hommes d’affaires. Mais il faut faire de la course à l’argent le coeur de sa vie afin de devenir riche aujourd’hui. Ce n’est pas très sain. Et puis il existe toute une classe de gens riches et puissants qui ne veulent que flasher, qui se noient dans l’autosatisfaction. Il y a quelque chose là-dedans qui, je crois, annonce la décadence. D’ailleurs, si la crise nous a enseigné une chose, c’est que les nouvelles élites ne s’intéressent qu’à leur propre bien-être, souvent au détriment du commun des mortels."

CAUCHEMARS

Meurtres, mutilations, viols, gangbangs, Hell.com se lit comme une petite encyclopédie de la cruauté humaine. "L’enfer, c’est nous autres. Toutes ces horreurs sont en nous. Si les gens ont des cauchemars, ça veut dire qu’inconsciemment, le livre les a touchés. Mais attention, l’idée de faire peur, d’être dégoûtant, est pour moi moins importante que le concept de rédemption qui est au coeur de ce roman. En ce sens, Hell.com est un roman optimiste."

À lire si vous aimez /
Maxime Chattam, William Gibson

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HELL.COM

Avec un titre comme Hell.com, on ne s’attend pas à de la dentelle. Sur ce point, Senécal ne déçoit pas. Il a donné libre cours aux impulsions les plus morbides de son imagination. Confronté à la descente aux enfers du milliardaire Daniel Saul, le lecteur se laisse prendre au jeu du voyeurisme, hésite entre le plaisir malsain de s’imaginer dans la peau d’un satyre et le dégoût. Quoi qu’il en soit, il a du mal à ne pas lire les quelque 500 pages du roman d’une traite. Ce n’est pas pour rien que les livres de Patrick Senécal sont fréquemment portés à l’écran. Celui-ci écrit comme un scénariste, utilise une langue simple, efficace, qui peut toutefois avoir le défaut de tomber à plat. Certaines scènes d’horreur auraient mérité des envolées lyriques à la hauteur de leur intensité. Dans ce roman, Senécal veut nous montrer notre part d’ombre. Mais il force tellement le trait qu’on a du mal à se reconnaître dans son personnage principal. C’est, sans doute, mieux pour nous.