Philippe Djian et Stephan Eicher : Rimes riches
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Philippe Djian et Stephan Eicher : Rimes riches

À l’affiche du 15e FIL, entre les mondes de Gabrielle Roy, Nancy Huston et Boris Vian, un intrigant "concert littéraire". Discussion avec ses protagonistes: Philippe Djian et Stephan Eicher.

En 1989 paraissait My Place, le premier des albums de Stephan Eicher à comporter des textes de l’écrivain Philippe Djian, qui avait fait un tabac quelques années plus tôt avec 37°2 le matin. Vingt ans et 50 chansons plus tard, les comparses présentent au 15e Festival international de la littérature (FIL) un spectacle élégamment baptisé "concert littéraire", occasion de célébrer une collaboration fructueuse, certes, mais plus encore une amitié. "C’est devenu une relation tellement forte, nous dit Philippe Djian, tellement basée sur l’échange, que j’ai toujours eu l’impression qu’un troisième personnage en surgissait."

Créé au festival Le Marathon des mots de Toulouse, en juin 2007, et donné depuis aux Correspondances de Manosque, au festival Paris en toutes lettres et même au Montreux Jazz Festival, il y a quelques semaines, ce rendez-vous dans les cuisines de deux monstres sacrés rend, paraît-il, parfaitement le climat dans lequel ont été créées des chansons telles Déjeuner en paix ou Manteau de gloire. "Chaque fois que j’ai reçu un texte de Philippe, confie Stephan Eicher, je me suis senti comme un enfant à Noël, ne sachant pas du tout sur quoi j’allais tomber. Cette fois, je déballe live", explique-t-il, confirmant que le concept laisse un espace à l’improvisation. "Ce que les gens connaissent de Djian/Eicher, poursuit-il, ça ne représente peut-être qu’un tiers de ce que nous avons créé. Durant ce spectacle, à travers des morceaux plus connus, nous dévoilons un bout des deux tiers manquants, en plus de trucs complètement inédits."

DES MOTS QUI SONNENT

Pour Stephan Eicher, qui n’a pourtant jamais eu peur de revoir à fond ses chansons en spectacle, de les déconstruire même, la présente aventure lui donne l’impression de se mettre en danger comme jamais. "La première fois, c’était devant une bonne salle, 700 personnes, disons, et en montant sur scène, je me suis dit: ouh, la, la, où est-ce qu’on met les pieds, là…"

De son côté, Djian vit quelque chose de tout à fait neuf. "En tant qu’écrivain, on n’a jamais cette récompense directe du public. Quand l’écho d’un livre nous parvient, on est déjà en train d’écrire le suivant! J’avoue que ça fait du bien d’avoir la réponse immédiate. Et je crois que de leur côté aussi, les gens se sentent privilégiés d’être là."

Les deux amis n’hésitent pas à dire qu’il y a quelque chose de théâtral, dans cette rencontre, ce qui appelle une concentration particulière de la part du public. Stephan Eicher ajoute: "C’est physique, en fait: les spectateurs sont penchés vers l’avant…" Mais si on lui dit que la réception doit être bien différente de ces concerts rock où le public applaudit et crie à tout rompre, il nuance: "Mmmh, ça peut quand même arriver, tu vas voir!"

Les 24 et 25 septembre
À la Cinquième Salle de la Place des Arts

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FIL, 1RE SEMAINE

Le 15e FIL démarre sur les chapeaux de roues avec la reprise, à la demande générale, de Poésie, sandwichs et autres soirs qui penchent (17, 19 et 20 septembre), le happening poétique conçu par Loui Mauffette. Ça continue avec Vian en chansons (le 18), un spectacle de l’ensemble a capella La Horde Vocale (prestation soulignant l’ouverture de l’exposition Je voudrais pas crever, ou Boris Vian vu par 20 artistes contemporains), puis avec Tropismes (19 et 20), la lecture que fait Jean Marchand du premier recueil de textes de Nathalie Sarraute (mise en scène d’Alice Ronfard).

Débute en parallèle ce grand hommage que rend le FIL à Gabrielle Roy, qui aurait eu 100 ans cette année, avec La Détresse et l’Enchantement (le 21), un spectacle imaginé et interprété par Marie-Thérèse Fortin et mis en scène par Olivier Kemeid. Du 21 au 25, on assistera par ailleurs aux Midis littéraires, tous consacrés cette année à l’auteure de Bonheur d’occasion (et exceptionnellement présentés dans la salle des Jeunesses musicales du Canada, sur l’avenue du Mont-Royal).

Mais c’est loin d’être tout. Pour ne rien manquer du FIL, qui se poursuit jusqu’au 27 septembre, on se rend à www.festival-fil.qc.ca.