Carlos Ruiz Zafón : Flèche gothique
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Carlos Ruiz Zafón : Flèche gothique

Carlos Ruiz Zafón donne une suite à L’Ombre du vent, l’un des livres les plus lus dans le monde depuis sa parution en 2001. Succès annoncé.

Dans les années 90, l’auteur et scénariste espagnol Carlos Ruiz Zafón fait le projet fou d’une grande fresque ayant pour théâtre le Barcelone de son enfance, dont il veut faire revivre plusieurs périodes historiques sans pour autant se priver des joies de l’imaginaire. Il a en tête un monstre de 3000 pages, dans un genre qui plaît plus que tout autre sur la planète hispanophone: le thriller fantastique.

Ayant un jour recouvré la raison, l’écrivain décide de mettre un pied devant l’autre et de découper l’entreprise en quatre tomes bien distincts. Le Jeu de l’ange, c’est en fait le deuxième pan de cette quadrilogie gothique dont L’Ombre du vent était le coup d’envoi. On en retrouve d’ailleurs ici certains éléments, le "Cimetière des livres oubliés" par exemple.

Les 10 millions de personnes qui ont acheté L’Ombre du vent vont se régaler, aucun doute (en Espagne, 40 jours après la parution du livre, on en avait déjà vendu – asseyez-vous, ça va passer mieux – un million d’exemplaires). Nous voilà cette fois dans le Barcelone des années 20, où les règlements de compte sont nombreux dans les rues, où le sang coule en abondance à l’ombre des bâtiments d’Antoni Gaudi. Le jeune écrivain David Martín va d’ailleurs s’inspirer beaucoup de ce désordre ambiant pour écrire une série de feuilletons qui va rencontrer un énorme succès, gloire éphémère qui le console à peine de ne pas écrire le roman qu’il voudrait vraiment écrire.

Ce roman-là, le jour où il aura enfin l’occasion de le publier, ne va pas changer sa vie pour le mieux. La critique le démolit, ses éditeurs s’impatientent, celle qu’il aime lui préfère son ami et, pour arranger le tout, il développe un cancer du cerveau. Rien ne va plus, donc, lorsqu’un type étrange débarque de Paris, un éditeur nommé Corelli qui lui propose de régler tous ses problèmes s’il accepte d’écrire pour lui un livre bien particulier, une sorte de nouvelle Bible qui serait à la base, rien que ça, d’une nouvelle religion. Martín s’apprête-t-il à signer un pacte avec le Diable?

À la fois brillant et excessif, bourré d’invention mais convenu dans la forme, bâti autour de dialogues pleins d’esprit bien que prévisibles, baigné d’atmosphères 19e rencontrées cent fois mais ici hautement maîtrisées, Le Jeu de l’ange est à la fois insupportable et passionnant, truffé de longueurs et, ne boudons pas notre plaisir, impossible à lâcher. Voilà, de ces informations chacun fera ce qui lui chante.

Le Jeu de l’ange
de Carlos Ruiz Zafón
Trad. de l’espagnol par François Maspero
Éd. Robert Laffont, 2009, 544 p.

À lire si vous aimez /
L’Ombre d’Edgar Poe de Matthew Pearl, La Bibliothèque, la nuit d’Alberto Manguel

Le Jeu de l'ange
Le Jeu de l’ange
Carlos Ruiz Zafón
Robert Laffont