Michael Delisle : Prière à blanc

Le titre est un poème en soi. Qu’est-ce qu’une «prière à blanc»? Une balle tirée au ciel comme un avertissement? Une enveloppe contenant, sans s’y limiter, l’appétit spirituel d’un individu, d’un groupe, de l’humanité entière? Une chose est sûre, il y a là une détonation, un rapport au monde violent sans être nécessairement fatal. Chacun des poèmes du recueil de Michael Delisle, par ailleurs nouvelliste et romancier applaudi, semble en effet déstabiliser d’abord, pour ensuite s’ouvrir à ces miracles que «personne ne remarque», à ce qui subsiste au lendemain des disparitions: «je sais la philosophie / le non-être et la chose / je connais le plaisir et la vanité // quoi dans ce feu / quoi dans ce vertige où je reste suspendu». Un petit livre qui contient beaucoup, à lire et relire. Éd. du Noroît, 2009, 72 p.