Sophie Van der Stap : Histoire à neuf têtes
Dans La Fille aux neuf perruques, la jeune Hollandaise Sophie Van der Stap explique comment changer de tête lui a permis de mieux se battre contre son cancer. Rencontre.
Avant sa maladie, Sophie n’avait jamais songé à devenir écrivaine. "Le choix d’écrire s’est fait de manière toute naturelle. Pendant mon cancer, mon unique but a été de rester heureuse, de ne pas me laisser gagner par la peine et la douleur. En écrivant, j’ai pu exercer un certain recul par rapport à ma situation."
Atteinte à 21 ans d’un cancer rare, minée par la chimio, Sophie retrouve le moral en collectionnant les perruques. "Au début, les perruques m’ont permis de redevenir une fille comme les autres. Et puis j’ai découvert une certaine liberté que je ne connaissais pas. En les portant, je devenais la fille que je voulais être, selon mon humeur. Enfin, les perruques m’ont permis aussi d’afficher ma maladie; à force de changer, je ne me cachais plus!"
En tenant le livre dans ses mains, on ne peut s’empêcher de faire le lien avec les ouvrages de chick lit aux emballages rose bonbon qui parsèment les rayons des librairies, dont le témoignage de Sophie Van der Stap partage le ton. La jaquette pliable du livre s’ouvre sur le joli visage de Sophie en neuf versions: chaque photo a sa perruque et sa personnalité, avec maquillage et stylisme adaptés. "J’ai toujours été consciente que les départements de marketing des maisons d’édition allaient s’en donner à coeur joie avec mon cas. Pourtant, ma démarche personnelle était authentique. Je n’ai pas inventé cette histoire de perruques pour vendre des livres", se défend-elle. D’ailleurs, elle évoque avec candeur le malaise qu’elle a éprouvé au fur et à mesure que sa renommée s’est mise à croître. À la suite de son passage à une émission de télé très regardée, elle notait: "La cancéreuse devient célèbre avec ses perruques, ses maux de ventre, ses larmes, ses histoires d’amour avec ses médecins, ses rêves… elle devient célèbre… Comme c’est glamour d’être en passe d’être une ex-cancéreuse comme moi."
Son deuxième livre, qui n’est pas encore traduit en français, relate son besoin de sortir de l’oeil public, de devenir autre chose que la fille aux neuf perruques. "Quelques mois après la parution du livre, je me suis sentie un peu désemparée. J’étais heureuse de ma guérison. Mais il a fallu que je me retrouve, alors j’ai voyagé le plus loin possible. Mon troisième roman ne sera pas une autofiction!" Pendant ce temps, la Hollande attend un long-métrage basé sur le premier roman de Sophie. Celle-ci continue à être porte-parole d’organismes de lutte contre le cancer. Ses perruques ne sont pas près d’être rangées au placard.
La Fille aux neufs perruques
de Sophie Van der Stap
Ed. Stanké, 2009, 232 p.
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