José Carlos Somoza : La Clé de l’abîme
Le septième roman de José Carlos Somoza, grand maître espagnol du fantastique, est un objet atypique: roman d’anticipation qui flirte avec la fantasy, l’horreur, le thriller, le surréalisme. Margaret Atwood aurait pu écrire certains passages du roman, Mircea Eliade, d’autres, Stephen King, le reste. Daniel Kean, employé du Grand Train, est pris en otage par un kamikaze décidé à lui laisser un message d’une extrême importance. Il sera alors pris dans un engrenage qui le projettera dans une dangereuse quête autour du monde. Somoza a imaginé un univers futuriste aux antipodes du nôtre, régi par une religion incompréhensible (fondée sur le mythe de Cthulhu de Lovecraft), des règles sociales étranges et rigides. On frôle la saturation de détails exotiques et de points de vue fantasques. C’est une lecture dense mais captivante, au coeur de laquelle il y a la peur: «une peur pure et maladive qui fait ployer la chair». Il y a aussi l’émerveillement. Traduit par Marianne Million. Éd. Actes Sud/Leméac, 2009, 382 p.