Philip Roth : Le chant du cygne
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Philip Roth : Le chant du cygne

Philip Roth referme avec Exit le fantôme son cycle le plus important, celui de Nathan Zuckerman.

Apparu dans The Ghost Writer (L’Écrivain fantôme) en 1979, Nathan Zuckerman traverse toute l’oeuvre récente de Philip Roth. Cet alter ego littéraire, intellectuel solitaire, ultracritique à l’endroit de sa société, aura donné son nom au cycle central de l’oeuvre de Roth, dans lequel on trouve entre autres Pastorale américaine, l’un de ses titres majeurs (prix Pulitzer en 1998).

Exit le fantôme, neuvième roman du cycle, est celui de la défaillance du corps, du vieillissement. On retrouve ici un Zuckerman septuagénaire, qui vient de passer onze ans coupé du monde ou presque, dans un coin reculé du Massachusetts. Victime d’incontinence depuis une ablation de la prostate, le vieil écrivain quitte sa retraite et retourne à New York pour y subir une chirurgie mineure, laquelle a des chances d’atténuer son petit problème. Choc. Lui qui croyait marcher tranquillement vers la tombe réalise que le rythme de la ville peut encore le posséder. "À la campagne, rien ne m’apportait les tentations de l’espoir. Entre l’espoir et moi, paix conclue. Mais en venant à New York, en quelques heures seulement, New York avait eu sur moi l’effet qu’il a sur tout le monde: il avait ouvert le champ des possibles."

S’articule alors tout un chassé-croisé d’époques et de personnages, dont Amy Bellette, qui fut la compagne de E.I. Lonoff, le mentor de Zuckerman, et surtout Jamie Logan, jeune romancière pour laquelle cet homme résigné à un définitif adieu aux armes a un pur coup de foudre.

Exit le fantôme est un livre courageux et brillant, complexe sans en avoir l’air. S’y croisent les thèmes de l’ambition, de la politique (nous sommes en 2004, la communauté intellectuelle de New York est outrée par la réélection de Bush), du 11 septembre et de ses spectres tenaces, de l’écriture surtout et de ce qui la nourrit. Trame riche, entrecoupée de courtes scènes de théâtre à travers lesquelles Zuckerman vit son fantasme amoureux, jusqu’à un grand départ qui, sans être nécessairement la mort, a toutes les apparences d’une ultime sortie de scène.

La conclusion exceptionnelle de l’un des cycles romanesques marquants de l’histoire littéraire américaine.

Exit le fantôme
de Philip Roth
Traduit par Marie-Claire Pasquier
Éd. Gallimard, 2009, 336 p.

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Exit le fantôme
Exit le fantôme
Philip Roth
Gallimard