Stéphane Bertrand : L’Abri
Stéphane Bertrand compte parmi ces écrivains qui puisent à la source des cent petits métiers qu’ils ont exercés de minutieux tableaux du monde ordinaire. Après Clark et les autres (2007), qui avait pour cadre un cabaret miteux, c’est dans un centre d’hébergement pour handicapés qu’il nous fait maintenant entrer, nous invitant à suivre les premiers jours de travail d’un nouveau préposé aux bénéficiaires. Ému par l’humanité de collègues débordés qui l’initieront à des tâches souvent ingrates, le jeune Simon Trépanier s’interrogera sur son choix de carrière lorsque le viol d’une résidente se transforme en scandale médiatique et mène à la disparition d’un directeur aimé de ses employés. Porté par une écriture simple, loin de tout maniérisme, L’Abri ne s’apprécie pas tant comme un polar (même si l’identité du violeur n’est habilement dévoilée qu’à la toute fin) que comme une saisissante peinture de milieu, à l’image de cette vie tout aussi pittoresque que la fiction. Éd. Hurtubise, coll. «Texture», 2009, 162 p.