Joyce Carol Oates : Le Triomphe du singe araignée
En 1976, Joyce Carol Oates publiait une curieuse novella, vraisemblablement écrite en écho à l’affaire Charles Manson, laquelle avait défrayé la chronique quelques années plus tôt. Il est vrai que le «singe araignée» du titre évoque en plusieurs points l’instigateur du meurtre de Sharon Tate, la femme de Roman Polanski: comme lui, Bobbie Gotteson aurait voulu faire carrière dans la chanson, mais c’est pour des accomplissements bien plus sordides qu’il fera la manchette. Encore jamais publié en français, Le Triomphe du singe araignée est un livre composite, frénétique, dont la forme même rend la pensée du personnage. On passe d’un entretien du protagoniste avec son thérapeute à des bribes de témoignage devant la cour, en passant par de brèves fictions à la première personne. Souvent déconcertant, le texte n’en est pas moins fort ingénieux sur le plan narratif, les différents points de vue contribuant à créer le portrait en trois dimensions d’un monstre made in America. Une oeuvre à part dans l’oeuvre de celle qu’on surnomme le «word processor», davantage connue pour des thrillers à la facture plus conventionnelle. Trad. de l’anglais par Claro. Éd. Les Allusifs, 2010, 134 p.