Nicolas Chalifour : Vu d’ici tout est petit
En lice pour le Prix des libraires, le premier roman de Nicolas Chalifour se révèle un véritable trésor d’inventivité tant sur le plan du langage, avec son style en boucle quasi enfantin, que sur celui de la singularité de son point de vue. Un élégant manoir transformé en auberge est le terrain d’observation d’un être étrange et vivant au ras du sol, intéressé par les moeurs et par les liens unissant le personnel, la direction et la clientèle des lieux. Caché sous la table du buffet, derrière la machine à glaçons ou dans les recoins de la cave, ce narrateur discret apparaît comme le témoin privilégié des petitesses et des vices d’une humanité dont chaque protagoniste nous est décrit, notamment, par l’entremise de ses souliers. Un regard frais et incisif accompagné d’une tonalité naïve qui fait sourire jusqu’au moment où, «parce qu’il y a des limites à tout», la créature entreprend elle-même de passer à l’action. Éd. Héliotrope, 2009, 214 p.