Jacques Rousseau : Mémoire morte
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Jacques Rousseau : Mémoire morte

Après un premier roman publié à compte d’auteur, Jacques Rousseau signe ROM – Read Only Memory, une enquête policière qui trouve comme toile de fond l’Université du Québec à Trois-Rivières.

Un lundi matin de février, Patricia Dubois, secrétaire au Département de psychologie de l’Université du Québec à Trois-Rivières, fait une macabre découverte. En allant vérifier l’encre et le papier de l’imprimante, elle se cogne au cadavre de la réputée professeure Ingrid Lambert, déguisée et transformée en statue de sel. Comme les agents de la Sûreté du Québec entrent en grève et que le policier affecté à l’enquête quitte pour un congé de maladie de trois mois, Agathe de Francheville, une jolie rouquine aux valeurs féministes, hérite de l’affaire. Sa première enquête. En compagnie de son collègue Marco Taillefer, et aidée par sa mère, une véritable pirate informatique, elle fouillera différentes pistes, dont celle d’une épouvantable histoire d’inceste.

"J’ai campé mon action dans un milieu que je connais, qui est l’Université du Québec à Trois-Rivières, où j’ai travaillé pendant 32 ans", spécifie celui qui a été professeur puis directeur au Département de psychoéducation de l’UQTR. "Je ne raconte rien de vrai. Je ne vise aucune personne. Mais j’utilise le décor de l’Université du Québec, de la ville de Trois-Rivières, du fleuve, de l’hiver que j’aime, et aussi les connaissances en psychologie que j’ai acquises, évidemment."

Dans ROM – Read Only Memory, Jacques Rousseau utilise une langue simple, efficace. Il décrit avec beaucoup de minutie, sans jamais assommer le lecteur. Chaque scène s’apparente ainsi à un tableau ou à un travelling de caméra. "Quand, comme moi, on arrive à l’écriture à la retraite, à 62 ans, c’est sûr que la première chose qu’on essaie de faire, c’est de couper avec notre ancien monde. Comme je suis un intellectuel, un ancien prof d’université, j’ai essayé de couper avec le raisonnement, les textes administratifs, les "parce que", les "pourquoi" pour me diriger plus vers une écriture qui permettait aux gens de faire plus aller leur imagination. Et c’est là que j’ai découvert que si je voulais écrire un roman, il fallait que je fasse un peu ce que le cinéma fait: créer des décors. C’était tout un apprentissage pour moi, décrire des choses. Je devais aussi apprendre à raconter l’action, ce qu’on ne fait évidemment pas dans la recherche scientifique ou dans des textes administratifs!"

DON QUICHOTTE

Dans Le Dernier Combat de Don Quichotte, son premier roman publié à compte d’auteur en 2008, l’écrivain âgé aujourd’hui de 67 ans s’inspirait de sa propre vie. "Je racontais la vie d’un jeune homme dans un collège classique, comment il cherchait désespérément Dieu, mais ne le trouvait jamais." Curieusement, bien que cette fois il utilise la mécanique du roman policier, il fait encore allusion au cours du récit au célèbre personnage de Cervantès. En fait, son enquêteuse de Francheville en est inspirée. "Je crois à des personnages qui sont rêveurs. Je n’aime pas les personnages trop structurés et qui vivent dans le passé. C’est pour ça que j’admire ce grand nono de Don Quichotte, qui fait des gaffes à longueur de jour, qui se passionne pour un rêve qui n’existe même pas, qui s’en va à cheval sur une vieille picouille avec des lances qui sont inutiles. J’aime cette sorte de monde-là, parce que ce sont eux qui changent le monde."

ROM – Read Only Memory
de Jacques Rousseau
Triptyque, coll. L’épaulard, 2010, 214 p.

À lire si vous aimez /
Chrystine Brouillet, Agatha Christie

ROM - Read Only Memory
ROM – Read Only Memory
Jacques Rousseau
Triptyque