Caroline Allard : Un quotidien multiple
Invitée d’honneur au Salon du livre de Trois-Rivières, Caroline Allard pose un regard tendre sur l’aventure inespérée des Chroniques d’une mère indigne.
Il faut décidément avoir vécu sur une île déserte pour ne pas avoir entendu parler au moins une fois des Chroniques d’une mère indigne au cours des quatre dernières années. Car après avoir démarré l’écriture d’un blogue très fréquenté sur les tabous de la maternité en mars 2006, Caroline Allard, alias Mère indigne, publiait ses irrévérences aux Éditions du Septentrion, dans la collection Hamac-Carnet. Ces indignités inspiraient par la suite une websérie présentée sur le site Internet de Radio-Canada au début de l’année 2009, en plus de remporter le Grand Prix littéraire Archambault. L’auteure bouclait finalement la boucle en lançant un tome 2 à l’automne.
Avec ses Chroniques d’une mère indigne, Caroline Allard déboulonne l’image de la mère parfaite. Ce discours irrévérencieux a étonnamment trouvé plus d’une oreille attentive. "Au début, quand j’ai commencé mon blogue, je me disais que c’était juste à moi que ça arrivait des histoires de même, qu’il n’y avait personne qui était fatigué comme ça, qui faisait des choses aussi stupides avec ses enfants. Après, les commentaires sont arrivés: "Ah! c’est la même chose chez nous" ou "Ah! mon Dieu, il m’est arrivé pire que ça en fin de semaine." C’est étonnant de se rendre compte à quel point on vit les mêmes choses. D’un côté, on pense tous qu’on est unique. Mais on passe tous à travers le même apprentissage quand on a des enfants. Je pense vraiment que, sans le faire exprès, de ne pas avoir généralisé et d’être restée dans les détails, c’est ça qui a fait en sorte que les gens se sont reconnus."
LE FAUX DU VRAI
Utilisant l’humour comme véhicule, l’auteure explore des lieux communs tout en s’aventurant sur des terrains plus glissants. Par exemple, sa Mère indigne ment, s’amuse de temps à autre à faire pleurer la plus jeune de ses filles, flirte avec le meilleur ami de son mari dans le tome 1. Ainsi, Caroline Allard a-t-elle déjà craint que les lecteurs confondent son personnage et elle-même? "Du fait que j’ai eu un trait de génie sans le savoir en commençant à dire "Mère indigne" au lieu de "moi", on dirait que les gens ont fait spontanément la différence." Et sa famille, sa principale source d’inspiration, comment compose-t-elle avec le projet? "Elle a toujours bien réagi à tout ça. Au début, le blogue était anonyme, non pas parce que je ne voulais pas que ma mère me lise ou que mon chum tombe dessus. C’était anonyme parce que j’étudiais en philo et j’avais peur que le monde de philo, s’il tombait dessus, ne me prenne plus au sérieux. Ce n’était vraiment pas une question de famille. En fait, ils étaient plutôt flattés de se retrouver là-dedans parce que ce n’est jamais fait de façon méchante. La personne dont je ris le plus dans les Chroniques d’une mère indigne, c’est moi-même", explique-t-elle de sa voix souriante avant d’avouer qu’elle a récemment mis le point final à cette belle aventure. "J’ai arrêté le blogue et d’écrire en privé les Chroniques d’une mère indigne pour toutes sortes de raisons. D’abord parce que j’avais envie d’écrire autre chose. Aussi, après le tome 2, j’avais l’impression d’avoir fait le tour. Mais c’est surtout parce que la plus grande de mes filles a maintenant 10 ans et que, là, ça la dérange. Il y avait donc toute une partie de ma vie dont je ne pouvais plus parler."
Consultez l’horaire des activités et des séances de dédicace auxquelles prendra part Caroline Allard, invitée d’honneur du samedi, lors du 22e Salon du livre de Trois-Rivières: www.sltr.qc.ca.
Les Chroniques d’une mère indigne 2
de Caroline Allard
Éd. du Septentrion, coll. Hamac-Carnet, 2009, 282 p.