Raymond Ouimet : Question de justice
Dans Crimes, mystères et passions oubliés, Raymond Ouimet lève le voile sur des meurtres passionnels, à la fois troublants et fascinants, qui ont marqué l’histoire de l’Outaouais.
L’amour, la haine, la vengeance, la jalousie… Certaines émotions peuvent envahir l’esprit au risque de faire perdre la tête, au point de poser des gestes irrémédiables. Les crimes passionnels qui bouleversent notre société ne datent toutefois pas d’hier, comme l’atteste Crimes, mystères et passions oubliés. Il n’y a pas si longtemps encore, au Québec, perpétrer un meurtre pouvait d’ailleurs conduire à la controversée peine de mort. "Mes recherches ont confirmé le barbarisme d’une telle peine pour moi", affirme humblement Raymond Ouimet. Mais elles lui ont aussi permis de découvrir des histoires surprenantes.
Premier cas à attiser la curiosité de l’auteur: la pendaison de Stanislas Lacroix, qui avait assassiné sa femme et un vieillard par jalousie paranoïaque à la fin du 19e siècle. Deux ans à explorer les archives, tant judiciaires que journalistiques, lui permettent par la suite de coucher sur le papier cinq aventures passionnelles s’étant déroulées majoritairement en Outaouais. La plus étonnante concerne cet Amédée Papineau, fils du patriote Louis-Joseph, qui aurait été empoisonné au terme d’une vie des plus rocambolesques. "Miroir d’un passé vivant, le crime reflète une manière de voir et de penser, et constitue un baromètre de la civilisation", écrit M. Ouimet. Si la peine de mort est aujourd’hui abolie, souligne-t-il, 68 % des Québécois sont en sa faveur. "On vit toujours dans une société cruelle, où l’on accepte de se fermer les yeux sur bien des choses", ajoute l’auteur, en évoquant Guantanamo et l’Afghanistan, où le gouvernement se permet de détourner les lois et d’appliquer la torture.
Depuis toujours animé par un désir de justice sociale, le Hullois veut susciter la réflexion de ses lecteurs sur la peine capitale, comme il lui a été donné de le faire alors qu’il n’était qu’un enfant. Servant de messe à l’âge de 12 ans, Raymond Ouimet avait abordé ce sujet avec le père Favreau, l’aumônier de la prison de Hull. "Qu’est-ce que la peine de mort va racheter?" avait alors demandé le père au jeune homme qui allait s’engager toute sa vie, que ce soit en tant que conseiller municipal, président d’une coopérative ou dans divers comités de citoyens.
D’un style franc, accessible et teinté d’humour, Crimes, mystères et passions oubliés capte facilement l’attention et éclipse toute préconception du récit historique monotone. Avec une dizaine d’oeuvres à son actif, M. Ouimet – aujourd’hui retraité de la fonction publique après une longue carrière – travaille déjà sur un nouveau projet: une secte religieuse du Québec complètement oubliée de tous. Excité, il avoue être tombé sur ce sujet tout à fait par hasard et qu’il s’amuse comme un fou à approfondir ses recherches. "C’est comme tirer le fil d’une pelote de laine que l’on déroule tranquillement", compare-t-il.
Crimes, mystères et passions oubliés
de Raymond Ouimet
Éditions Vents d’Ouest, 264 p.
À lire si vous aimez / Histoire populaire du Québec de Jacques Lacoursière, L’Orpheline de Georges Lafontaine, Frères ennemis de Jean Mohsen Fahmy