Lewis Trondheim : Dans tous les sens
Lewis Trondheim arrive au Festival de la BD francophone de Québec avec plusieurs projets sur le feu, dont sa version de Spirou, en collaboration avec Fabrice Parme.
Depuis ses débuts dans la bande dessinée à la fin des années 1980, Lewis Trondheim a vite mis les pendules à l’heure: c’est son oeuvre qui s’exprimera, et non l’homme derrière elle… ou si peu! En effet, même si Trondheim n’a jamais hésité à se mettre en scène dans ses histoires (Approximativement, Les Petits Riens…), il est surtout reconnu pour être un monstre de création, mais aussi de cohérence.
Déjà, en cofondant la maison d’édition L’Association (où sera publié l’immense succès Persepolis de Marjane Satrapi) et en y présentant ses premières oeuvres, il s’inscrira comme l’un des auteurs majeurs de ce qu’on appelait alors la "nouvelle bande dessinée". Pendant des années, il publie donc des oeuvres de tous styles et de tous formats (si Lapinot et les carottes de Patagonie se veut une improvisation de 500 pages, plusieurs autres titres sont muets et ne font que quelques pages), accouche seul ou en collaboration de quelques séries (Lapinot, Donjon), voit certaines de ses créations adaptées pour la télévision, crée un strip quotidien pour les téléphones portables, mais surtout produit, et produit encore, tout en évitant de se répéter.
C’est la raison pour laquelle il liquide Lapinot en 2004, son personnage le plus populaire jusque-là. Un choc et une décision peu commune dans le milieu. "Je sentais que je risquais de me répéter… 99,99 % des lecteurs l’ont bien pris. Je pense que tant qu’un auteur ne se moque pas de ses personnages ni des lecteurs, il n’y a pas de raison que ça se passe mal", explique Trondheim en parlant de la fin de ce personnage.
En attendant, le bédéiste garde le cap avec le projet titanesque de Donjon, déclinaison de l’heroic fantasy répartie en trois séries phares qui devraient, selon Trondheim et Joann Sfar (cocréateur et maintenant réalisateur avec Gainsbourg, vie héroïque), atteindre les 300 volumes! "Avec Donjon, on voulait utiliser le monde de l’heroic fantasy de manière moins sérieuse, mais sans tomber non plus dans la parodie. Et puis avoir un personnage principal qui n’est pas vivant, mais qui serait un lieu."
Donjon se veut aussi une belle expérience de collaboration avec divers auteurs, une méthode de travail que semble affectionner Trondheim: "[Collaborer] fait partie du processus pour ne pas se répéter trop vite, pour ne pas tomber dans le piège de la facilité. Et puis travailler avec d’autres permet de s’enrichir de leurs capacités. Étant donné que dessinateur est un métier de solitaire, ça permet de communiquer un peu entre ours mal léchés!"
En étant aussi présent dans le milieu de l’édition, Trondheim a pu constater une certaine évolution depuis que les auteurs ont commencé à plus prendre leur place. "La bande dessinée commence à être un peu plus respectée dans les médias, et dans l’esprit du public. Même s’il y a toujours des albums ringards, foutage de gueule, mal fichus, cyniques, pour faire du pognon – mais il y a la même chose au cinéma et à la télé -, il y a aussi tout un panel d’auteurs qui font des choses exceptionnelles avec une liberté qu’on n’a dans aucun autre support narratif."
Rencontrez l’auteur:
Le 7 avril à 13h
Au Café-rencontre BD du Salon du livre
Au Centre des congrès de Québec
Le Festival de la BD francophone de Québec
Du 7 au 11 avril
En divers lieux
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Spirou, Persepolis de Marjane Satrapi, Le Retour à la terre de Manu Larcenet