Joann Sfar : Gainsbourg (hors champ)
Les lecteurs habituels de Joann Sfar le savent: le bédéiste est insatiable, toujours sur plusieurs chantiers à la fois. Son oeuvre s’enrichit chaque année de plusieurs volumes: Le Chat du rabbin, Grand Vampire, entre (plusieurs) autres, c’est lui. On connaît également son goût pour la chanson française. Pas étonnant qu’il ait voulu réaliser un film sur l’homme à tête de chou. Parallèlement à son Gainsbourg (vie héroïque), il rassemble dans Gainsbourg (hors champ) une quarantaine de carnets. Les notes prises pour son long métrage, les dessins préparatoires, des choses qu’il souhaite montrer aux techniciens ou aux comédiens pour préciser sa pensée.
Avec ce livre de près de 500 pages, on entre dans la tête d’un bédéiste contemporain fascinant, on le suit dans son délire créatif, ses obsessions. Au fil des pages, on croise une Bardot fantasmée par Sfar, des modèles que le jeune Gainsbourg aurait bien voulu peindre jusqu’à plus soif. Tout un univers est enfermé dans cet objet gigantesque, foisonnant. Certains pourront lui reprocher sa prolixité. D’autres, plus patients et gourmands, prendront le temps de parcourir ces croquis, ces planches débordantes de vitalité et de passion. Car, en bout de ligne, c’est ce qu’on retient du projet: un Sfar en extase devant son sujet et qui se démène pour nous le communiquer. À consommer avec modération, par petites doses. Éd. Dargaud, 2009, 480 p.