Isabelle Dumais : Le juste équilibre
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Isabelle Dumais : Le juste équilibre

Avec Un juste ennui, l’artiste trifluvienne Isabelle Dumais délaisse le pinceau pour peindre avec les mots.

Les rencontres avec Isabelle Dumais ont habituellement lieu dans les centres d’exposition ou les galeries. Ce matin-là, le rendez-vous a été donné dans un petit café de la rue des Forges. L’artiste n’a pas de nouveau tableau à présenter, mais deux suites poétiques, à la fois sensibles et crues, publiées dans une première oeuvre littéraire: Un juste ennui.

"Quand j’ai décidé d’étudier en arts visuels, j’hésitais entre la littérature et la philo, explique-t-elle, questionnée sur son intérêt caché pour les mots. Pour la philo, j’avais réglé ça assez vite. Quand j’avais compris que ce qui m’intéressait, c’était la philosophie de la création et la philosophie des arts, je m’étais dit que j’allais le faire de l’intérieur: j’allais étudier en arts. Et l’écriture, ça a toujours été en parallèle, mais je n’avais jamais fait de démarches de diffusion encore. En 2008, j’ai participé aux Prix littéraires Radio-Canada et j’ai été finaliste. Ça a été le petit coup de pouce pour oser envoyer des manuscrits aux maisons d’édition. Et ça a bien répondu!"

Dans Un juste ennui, comme dans ses plus récents travaux picturaux, Isabelle Dumais s’intéresse à la solitude, à l’ennui, au silence. "Pour moi, ce sont toutes des expériences humaines fondamentales, radicales, qui peuvent être vécues négativement ou positivement. L’ennui, pour moi, c’est l’expérience que l’on vit quand on ne se sent pas concerné par les gens, par les choses. C’est comme l’absence de rêves, d’espoir. C’est correct de ne pas se sentir concerné. Car, des fois, on peut se sentir trop concerné, trop impliqué, on peut trop vouloir tout, et finalement, on est facilement blessé ou déçu parce qu’on a trop d’attentes. Par contre, c’est bon – et c’est pour ça que le livre s’appelle Un juste ennui – de trouver la juste mesure entre les deux. La première suite explore plus ça, cette espèce de distance qu’on peut créer entre soi et les autres. Mais il reste qu’à un moment donné, on a besoin d’aimer et de rêver. La deuxième suite va plus dans cette zone."

ÉCRIRE

La créatrice le souligne à plusieurs reprises pendant l’entretien: Un juste ennui est né d’un manque. "J’aime m’exprimer par les mots et développer une pensée dans un texte. Et la peinture, ce sont les images seulement. C’était un besoin d’avoir un complément dans la création qui passe par les mots. Des fois, je me contentais en donnant des titres à mes tableaux ou en décrivant ma démarche artistique, mais ce n’était pas pareil." Mais pourquoi la poésie? "Pour le moment, c’est ce qui est le plus proche de la peinture. Parce que c’est plus par images. Et ça permet plus de liberté d’interprétation; ce n’est pas dirigé. Même si, pour nous, quand on écrit, il y a un sens précis", conclut celle qui rend hommage dans ce recueil à deux écrivains – Cioran et Pessoa – avec lesquels elle entretient beaucoup d’affinités.

Lancement le 14 mai à 17h
À la Librairie Clément-Morin
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Un juste ennui
d’Isabelle Dumais
Éd. du Noroît, 2010, 92 p.

Un juste ennui
Un juste ennui
Isabelle Dumais
Éditions du Noroît