Patrice Desbiens : Partout à la fois
Patrice Desbiens sera-t-il parmi nous au Théâtre Petit Champlain? Ça ne dépend que de lui. Mais sa poésie, elle, y sera à l’honneur. Jazz et paroles en symbiose.
Le poète Patrice Desbiens refait surface ces derniers temps. Sur la scène du Lion d’or à Montréal, entre autre, en compagnie du contrebassiste Normand Guilbeault. Il est revenu dans sa ville d’adoption, Québec, il y a deux ans, alors que le premier Satori à Québec, en son hommage, était présenté au Largo avec l’interprète Nathalie Lessard et l’auteur Alix Renaud, qui seront également de la partie sur la scène du Petit Champlain pour cette nouvelle édition de l’événement. "Québec, ça signifie beaucoup de choses, explique-t-il. Après mon départ de l’Ontario, c’est la ville où j’ai grandi poétiquement. J’ai fait ça à la mitaine, comme on dit. Je l’ai marchée, Québec, de Limoilou à Sainte-Foy. Dans ce temps-là, je marchais beaucoup ou je faisais du pouce. La ville a changé. Surtout Saint-Roch. Comme s’il fallait un autre Plateau-Mont-Royal. Il faut des plateaux partout, ça a l’air. Pour te dire, lors de ma dernière visite à Québec, j’ai eu de la misère à trouver mon Dollarama."
D’ailleurs, à ce moment, nous avions pu rencontrer l’auteur de L’Homme invisible à son hôtel. Cette fois-là, il n’était pas monté sur scène en compagnie de Guilbeault et les autres. Avec Simon Couillard, idéateur de ce concept, nous étions alors en face d’un homme tranquille, effacé, le téléviseur allumé. Rien de compliqué pour ce poète qui semble en paix après quelques décennies tumultueuses. "Les gens pensent qu’en allant ailleurs, ils vont trouver l’inspiration. Aller dans le monde… Tu iras dans ta salle de bain et tu regarderas dans le miroir. Peu importe où tu es, c’est la même personne. Je n’ai pas besoin de faire des pèlerinages pour savoir qui je suis."
Maintenant à Montréal, le poète écrit à son rythme, c’est-à-dire tout le temps. Il demeure instinctif et résume son métier en prononçant un seul mot : vérité. "Dans cette ville, il y a tellement de choses qui se passent qu’il n’y a rien à faire. Pour l’inspiration, ben, j’ai encore une bonne mémoire."
Plusieurs ont fréquenté l’oeuvre de Desbiens, et d’autres l’ont chanté, comme Chloé Sainte-Marie et Richard Desjardins. Dernièrement, l’auteur-compositeur-interprète Thomas Hellman, invité par l’animatrice Christiane Charette, a choisi L’Homme invisible au Combat des livres. "Ben oui, L’Homme invisible… C’est vraiment un gang, Radio-Canada. Mais Thomas Hellman, je trouve qu’il a très bien défendu le livre. Je suis très content. Ils ont choisi quoi, déjà? Guèvremont et Le Survenant… Et on entend partout qu’on ne respecte pas assez les Québécois. Ben là! Ça, c’est se mettre les pieds dans les plats."
Il résume l’exercice en riant, sans aucune amertume, loin de là. En fait, c’est plutôt la découverte d’Hellman qui semble l’avoir marqué: "Ce doit être un bon gars." Une autre artiste devrait lui faire bonne impression: l’actrice et chanteuse Isabelle Blais, qui participera à cette nouvelle mouture de Satori à Québec. C’est le recueil Grosse Guitare rouge qu’elle lira sur la scène en compagnie des musiciens Vincent Gagnon (piano), Jean Derome (saxophone) et Claude Lavergne (percussions), sous la direction de Guilbeault.
"J’étais à Québec quand j’ai écrit ça, se rappelle-t-il. J’étais tout seul et je n’avais pas de blonde. J’avais un ami, un peintre, avec qui j’échangeais sur Apollinaire. Il a amorcé cette rencontre entre l’image et la poésie. J’ai commencé très librement, avec seulement quelques images en tête. En bon français, parfois érotiques. Rendu à 35 ou 40 pages, le peintre en question s’est découragé. C’est devenu un livre complet. J’avais écrit ça sur du beau papier, avec un bon crayon. Et ça ne parle de personne en particulier. Ce sont des images collectées, un simple exercice. Mon bureau était à côté de mon lit. Le matin, j’écrivais le premier flash qui me venait à l’esprit, à la main. Même qu’à l’origine, c’est un recueil que j’aurais voulu publier ainsi, avec ma calligraphie en imprimé. Je le ferai un jour, un beau livre." Et si le coeur lui en dit, il se pointera à Québec pour nous livrer sa parole.
Le 19 mai à 20h
Au Théâtre Petit Champlain
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La beat, le be-bop et Ginger Baker.