Andrée Poulin : L'adolescence couleur jaune pissenlit
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Andrée Poulin : L’adolescence couleur jaune pissenlit

L’auteure Andrée Poulin s’est inspirée de la petite fleur jaune pour écrire le roman Miss Pissenlit et briser des tabous.

L’idée du pissenlit est venue à Andrée Poulin à la lecture d’un article de magazine sur la fleur. "Ce livre a presque l’âge de son héroïne, raconte l’auteure originaire d’Orléans. Il y a un peu plus de 15 ans, je suis tombée sur un article qui parlait du pissenlit et de toutes ses vertus. Le pissenlit, ce n’est pas une mauvaise herbe, mais une fleur fascinante sur le plan nutritif, biologique et médical. J’ai pensé: et si je créais un personnage qui ressemble au pissenlit?" Ainsi naquit Manouane, la Miss Pissenlit mal-aimée et méconnue, à l’image de la fleur jaune.

Le récit suit Manouane, une adolescente habitant le village de Sainte-Cunégonde-du-Cap-Perdu. Les résidents du patelin nourrissent une crainte grandissante pour la jeune fille, son père obsédé par ses vaches et sa mère schizophrène, obnubilée par la Sainte Vierge. À travers sa colère et sa soif de vengeance, Manouane découvrira l’amitié et un premier amour, qui attiseront sa rage. La lecture nous emmène ainsi dans le quotidien tourmenté d’une jeune fille atypique, au gré de quelques leçons éducatives sur les vertus du pissenlit, cette fleur à laquelle l’héroïne voue une passion sans limites.

Miss Pissenlit est un premier essai à la littérature adolescente pour Andrée Poulin, qui est maître du roman pour enfants. "Ce que j’ai aimé avec l’écriture de ce livre, dit-elle, c’était la liberté que je ressentais, tandis que lorsque j’écris pour les enfants, il y a beaucoup plus de contraintes. Avec Miss Pissenlit, je me sentais en récréation."

Andrée Poulin décrit l’adolescence comme "un âge où les émotions bouillonnent". Et celles de son héroïne Manouane arrivent, au fil du récit, au point d’ébullition. L’adolescente finit par craquer: elle trace sur certains édifices de la ville des graffitis haineux affublés de sa signature: le pissenlit. "Je voulais montrer que les jeunes ne sont pas seuls, contrairement à ce qu’ils pensent. Et c’est ce que Manouane découvrira, elle aussi. Il n’est pas nécessaire d’être une victime, de rester passif devant l’injustice."

L’auteure voulait en outre souligner que la différence doit être acceptée et non repoussée, comme certains personnages farfelus peuvent l’être dans le roman. "Nous devons développer de la tolérance envers les gens qui sont différents. C’est ce qui fait peur aux gens du village de Manouane et à nous aussi dans la vie. Il faut voir que la différence peut être une richesse pour tous." Un peu comme le pissenlit que l’on devrait mieux aimer et apprendre à mieux connaître…

Miss Pissenlit
d’Andrée Poulin
Éd. Québec Amérique
2010, 386 p.

Miss Pissenlit
Miss Pissenlit
Andrée Poulin
Québec Amérique