C’est un impressionnant travail journalistique qu’a réalisé Joe Sacco dans ce récit d’un double massacre perpétré par l’armée israélienne sur la population de Gaza en novembre 1956. Près de 300 civils périrent à Khan Younis, événement que l’histoire a tout fait pour camoufler et sur lequel le bédéiste s’est renseigné – avec interviews de nombreux témoins à la clé – durant les six années de l’élaboration de son album. Dans ce projet de 400 planches, le trait sobre du dessin et la tonalité souvent légère de la narration (Sacco se mettant en scène dans des séquences qui évoquent le contexte de son enquête) contribuent à l’effet de recul, à la distance bénéfique que l’auteur parvient à maintenir face à son sujet. OEuvre exigeante, Gaza 1956 oppose par ailleurs des témoignages contradictoires, interrogeant le rôle de la mémoire et jetant un éclairage sur la situation actuelle, toujours explosive, de cette région du monde. Éd. Futuropolis, 2010, 396 p.