Michèle Lalonde : Croisée des chemins
En 1970, Michèle Lalonde lisait Speak White pendant la célèbre Nuit de la poésie initiée par le cinéaste Jean-Claude Labrecque. La revoici, invitée par le Marché de la poésie, à lancer de nouveau ses mots dans la nuit.
"Je suis plutôt marginale dans cet événement. J’ai été invitée à titre de référence à la Nuit de la poésie de 1970, toute seule parmi une horde de jeunes poètes contemporains." Ainsi s’exprime, avec une gentille dose d’autodérision et de modestie, la poétesse, écrivaine et essayiste Michèle Lalonde. Elle se joindra aux 40 participants de la Nuit de la poésie 2010, l’un des événements-phare de la programmation du 11e Marché de la poésie, auprès de notre rédacteur en chef, Tristan Malavoy-Racine (co-porte-parole de ladite Nuit avec Claudine Vachon), et des Jean-Paul Daoust, Joséphine Bacon, Marc-Antoine K. Phaneuf, Louise Warren et j’en passe.
"Je ne sais pas encore quel texte je vais lire, j’en suis à me demander si je dois privilégier un texte politisé ou un texte d’un autre genre. Vous savez, on se rappelle toujours de moi comme la grande défenderesse de la langue française, et je vis très bien avec ça, mais plusieurs de mes textes abordant d’autres thématiques n’ont pas beaucoup circulé ici et ont connu une meilleure réception en Europe. J’en mettrai peut-être un de ceux-là de l’avant."
Et pourquoi pas? Celle qui fut également de la Nuit de la poésie de 1980 mais s’est abstenue en 1991 envisage l’événement d’un tout nouvel oeil. Alors que le climat n’est pas tellement propice à l’exacerbation du sentiment national, la nuit qui s’annonce lui apparaît comme une occasion privilégiée de mesurer le chemin parcouru par les poètes et de rencontrer une nouvelle génération. "Ça me fait plaisir de pouvoir partager la scène avec une autre génération parce que, trop souvent, on ne fait pas cohabiter les textes du passé avec les nouvelles oeuvres poétiques. Il devrait y avoir une référence constante au passé même si on doit favoriser l’émergence de nouvelles formes qui correspondent à l’évolution des sensibilités des poètes. Cette nuit-là va me permettre de constater la diversification des discours poétiques. C’est réjouissant, d’autant que je constate que la poésie a encore une propension à parler du politique."
La Nuit de la poésie 2010 vient d’ailleurs couronner une période faste pour les amoureux d’événements poétiques populaires. Après que les foules se sont pressées sur les plaines d’Abraham pour vibrer au rythme du Moulin à paroles et que les textes de Gaston Miron ont été revisités en chanson sur l’album Douze hommes rapaillés, les happenings poétiques du Marché de la poésie semblent tout indiqués. Outre la nuit de la poésie, l’auteure dramatique Evelyne de la Chenelière et l’artiste graphique Lino orchestrent une soirée d’ouverture aux airs de cabaret festif, où des passeurs de vers liront des textes triés sur le volet. La comédienne française Vanda Benes débarque avec Peep-Show, spectacle adapté d’un roman en vers de Christian Prigent, pendant que des comédiens et des musiciens jazz concoctent une soirée hommage au poète franco-ontarien Patrice Desbiens. Ce n’est pas tout, bien sûr, et votre week-end devrait donc commencer par une visite au www.maisondelapoesie.qc.ca.
Marché de la poésie
Du 27 au 30 mai
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