Edgar Hilsenrath : Le Nazi et le Barbier
La plupart des romans sur la Deuxième Guerre mondiale, et ils sont légion, tentent d’éviter l’écueil du sensationnalisme en adoptant un ton sobre, factuel. Ici, rien de tel. Liberté de ton, satire, humour noir et perversité polymorphe font du roman de Hilsenrath une oeuvre monumentale, bien ancrée dans la fiction même si l’auteur, un Allemand installé depuis longtemps à New York, a lui-même survécu à la Shoah. Son personnage, Max Schulz, est un jeune aryen, initié au métier de barbier par le père de son meilleur ami, juif, qui accroche ses ciseaux pour endosser l’uniforme SS. Génocidaire survivant à la Libération, Schulz raconte sa vie avec un détachement d’impuni et une candeur à la limite de l’immoralité. À ranger à côté des Bienveillantes de Littell. Trad. par Jörg Stickan. Éd. Attila, 2010, 507 p.