«Bien des historiens ont déjà commenté et commenteront la Découverte de Christophe et disputeront de ses conséquences», fait dire Erik Orsenna à Bartolomé Colomb, frère de l’autre et narrateur de cette inclassable Entreprise des Indes. L’observation est incontestable. Aussi fallait-il toute la science de l’auteur de Madame Bâ pour pondre un texte aussi original autour de la mille fois commentée «découverte», ce qu’Orsenna parvient à faire en s’appuyant sur les faits historiques tout en s’accordant les infinies libertés de la fiction. L’explorateur génois sera finalement moins présent qu’on ne l’aurait cru dans ce roman, bien que s’en dégage un portait riche de contradictions, l’essentiel étant le récit que fait à deux dominicains ce Bartolomé, durant ses vieux jours – qu’il coule sur l’île d’Hispaniola -, récit qui fera revivre entre autres la Lisbonne de sa jeunesse, alors que jeune cartographe, il rêvait du contour des femmes au moins autant que de celui des terres à découvrir. Passionné, passionnant. Éd. Stock/Fayard, 2010, 400 p.