Correspondances d’Eastman / Claude Poissant : Lettres à un timbré

"Les livres, c’est la nourriture terrestre même. J’ai commencé à m’intéresser à vivre, adolescent, quand je me suis mis à plonger dans des univers imaginés par les autres, à comprendre le rapport entre le réel et la fiction et à voyager dans des pays inventés."

Les livres, de la nourriture, convenons-en avec Claude Poissant que l’on écoutait à l’instant, mais qu’on ne trouve (malheureusement?) pas au Tim Hortons. Ceci expliquant peut-être cela, nous sommes davantage à même de comprendre l’indifférence du Très Honorable Stephen Harper lors des célébrations du 50e anniversaire du Conseil des Arts du Canada auxquelles assistait Yann Martel.

Sorti de là plus préoccupé que rageur, l’écrivain allait entreprendre d’envoyer au premier ministre un morceau de littérature universelle et une missive-mise en contexte chaque 15 jours, un projet politico-littéraire que Poissant porte à la scène dans le cadre des Correspondances d’Eastman. "Voir un auteur résister à la tentation de juste chialer et essayer d’entrer en dialogue, je trouve ça d’une grande honnêteté."

Réunissant Alexandre Goyette, Louise Laprade, Macha Limonchik, Olivier Morin, Étienne Pilon et Catherine Vidal, "Lettres recommandées" relaie les gloses de Martel et des extraits des oeuvres envoyées à Ottawa. "S’il y a des lettres plus intéressantes que d’autres, ce sont souvent celles qui réussissent à faire le pont avec un événement politique de l’instant présent. Je ne voulais pas non plus passer à côté des liens qu’il fait avec le cinéma dans le cas de Duras ou de Persépolis. J’ai retenu aussi les chansons de Paul McCartney, parce que son goût pour les Beatles, c’est une anecdote que l’on connaît tous."

Quant à Poissant, que posterait-il à notre Albertain adoré? Hésitation. Nous suggérons Je voudrais me déposer la tête de Jonathan Harnois qu’il adaptait au théâtre en 2007. "Ah oui, ce serait extraordinaire et c’est tout simple. Je pourrais aussi lui faire lire du Jean-François Beauchemin ou Le Ciel de Bay City de Catherine Mavrikakis."

Le 6 août à 19 h 30
Au Théâtre La Marjolaine
Dans le cadre des Correspondances d’Eastman

Ne pas s’en remettre au hasard

Ce n’est pas parce que les Correspondances d’Eastman convient à des "Rencontres inespérées" qu’on ne peut pas déjà mettre quelques hasards à son horaire. Le 5 août, Clémence DesRochers – que l’on aime mieux que Mireille Mathieu – raconte 50 ans de métier. Le 7, Haïti débarque dans les Cantons: hommage à Dany Laferrière avec, entre autres, Pascale Montpetit, suivi de "Lettres haïtiennes", une mise en lecture d’écrivains de l’île. Marc Lévy, que visiblement l’air d’Eastman revigore, revient faire son tour pour un atelier d’écriture. Également sur place: le "fessologue" Alain Mabanckou que l’on pourra croiser quelque part entre le Théâtre La Marjolaine, un jardin d’écriture et le café Les Trois Grâces, tout comme Jean Barbe, Simon Boulerice, Edem Awumey, Marc Séguin, Hélène Dorion, Kim Thuy et Louis Hamelin.