Jean-Marc Desgent : Portraits de famille
Jean-Marc Desgent collige des Portraits de famille que l’on examine en craignant la déliquescence et le corps désâmé. Traversé par un souffle de vie se manifestant en poussées de désir que le sexe ne peut plus achever et par d’âpres luttes contre l’aphasie, le recueil porte le poids lancinant des pères, mères, frérots et soeurettes défunts. Dite avec un verbe en constant danger de fracture, la poésie de Desgent cerne le trouble qui assaille des absents revisités en songes. «J’habite le lit de mes compagnes, de mes compagnons / enlevés de ma vie.» Le lauréat du prix Antonio-Viccaro 2010 poursuit une oeuvre qui prend aux couilles et au coeur. «Le désir est une amnésie, les calcinés le savent: moi, / c’est le monde, mes ruines, l’amour, / un mort, deux morts, trois morts, quatre morts, / sept morts de visages translucides qui collent dans la / tête.» Écrits des Forges, 2010, 72 p.