L’automne littéraire québécois : Noir sur blanc
De quoi sera fait l’automne littéraire québécois? Coup d’oeil sur quelques titres particulièrement prometteurs.
L’Indésirable de Sarah Waters
Encore un coup d’éclat de la part d’Alto! La maison d’édition de Québec fait l’événement avec la parution de ce roman britannique bruyamment acclamé, notamment par le maître incontesté de l’horreur, Stephen King, qui l’a proclamé meilleur livre de l’année. Cela aurait pu suffire à faire frissonner les tiroirs-caisses; or, le roman se défend de lui-même. À travers l’histoire d’une maison hantée et de ses occupants, Sarah Waters convoque folie et paranormal. Un livre qu’il faut posséder, et qui nous possède.
Éd. Alto, déjà en librairie
Zones 5 de Michel Vézina
Véritable homme-orchestre, menant de front ses activités de journaliste / critique / éditeur / auteur / homme de cirque / alouette!, on se demande bien où Vézina trouve le temps de noircir du papier. Heureusement pour nous, il y arrive et lance cet automne une suite à Élise, qui avait été la première parution des éditions Coups de tête, en 2007. La plaquette à saveur dystopique remet en scène Élise et Jappy en 2030, squattant un village fermé par le gouvernement québécois et aux prises avec un État ultralibéral transnational. Puisque c’est par la piraterie que s’organise la résistance, nos deux héros prennent d’assaut les eaux du Fleuve dans ce qui pourrait bien prendre l’allure d’une fable politique.
Éd. Coups de tête, déjà en librairie
Le temps qui m’est donné de Jean-François Beauchemin
Depuis qu’il a pris la plume (relativement tard, à 38 ans), Jean-François Beauchemin prouve qu’il fait partie de ceux qu’on peut appeler les écrivains naturels. Rien de poussif, d’outrancier ou de maniéré dans son style; au contraire, c’est dans la plus grande simplicité que Beauchemin arrive à soutirer de son quotidien l’essentielle matière romanesque. Son nouveau roman, qu’on devine en partie autobiographique, revisite l’un de ses thèmes de prédilection, l’enfance, et infiltre la vie d’une famille de six enfants, tous nés à un an d’intervalle. Une occasion pour l’auteur d’interroger la place de la famille dans la formation de l’individu.
Éd. Québec Amérique, le 15 septembre
L’Éternité en accéléré de Catherine Mavrikakis
Bien connue dans l’univers protégé des classes universitaires et des colloques, Mavrikakis s’est révélée au grand public du Québec et de la France, l’an dernier, avec son roman Le Ciel de Bay City. Un livre dérangeant, qui conjuguait le désarroi d’une adolescente et les réminiscences de l’Holocauste. Ici, l’auteure nous livre 52 courts textes imprégnés de l’air du temps, portant sur la mort de Michael Jackson, le premier homme sur la Lune ou inspirés de souvenirs personnels. Tous ont été publiés sur son blogue avant de paraître ici, dans le format livre qui demeure l’habitat naturel des textes suivis. Cette démarche ainsi que le titre annoncent une réflexion sur l’époque actuelle qui se conçoit de plus en plus sous le signe de la vitesse.
Éd. Héliotrope, septembre
Vogue la valise de Siris
Véritable vétéran, Siris roule sa bosse depuis près de 20 ans dans le monde toujours en expansion de la BD. Cet automne, il livre le premier tome d’un roman graphique dans lequel on retrouve son plus illustre personnage, La Poule, dans un moment douloureux de son enfance. Subissant les frasques d’un père alcoolique, la famille habitant le Centre-Sud de Montréal se brise et La Poule doit prendre son destin en main. On retrouvera avec bonheur le style hérissé de Siris, son humour à la fois tendre et corrosif, sa sensibilité poétique et ses représentations surréalistes de la jungle urbaine.
Éd. La Pastèque, le 15 septembre
Dans la mire /
Août /
Espèces, de Ying Chen
(Éd. du Boréal)
Histoire intellectuelle de l’indépendantisme québécois, sous la dir. de Robert Comeau, Charles-Philippe Courtois et Denis Monière
(VLB éditeur)
Septembre /
Béatrice et Virgile, de Yann Martel
(XYZ éditeur)
Un roman grec, de Lucie Ledoux
(Triptyque)
Le Temps qui reste, d’Emmelie Prophète
(Éd. Mémoire d’encrier)
En route et pas de sentiment (sur Anne Hébert), de Michel Gosselin
(Éd. Hurtubise)
Conséquences lyriques, de Pierre Yergeau
(Éd. Québec Amérique)
La Constellation du lynx, de Louis Hamelin
(Éd. du Boréal)
Octobre /
Chambre d’amis, de Dominique Robert
Éd. Les Herbes rouges
Le Procès des Cinq (extraits du procès en trois actes à la manière d’une pièce de théâtre), de Michel Chartrand, Pierre Vallières, Charles Gagnon et Cie
(Lux Éditeur)
Novembre /
Holy Molly, de Jeff Ladouceur
(Éd. L’Oie de Cravan)