Louise Penny : L'école du crime
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Louise Penny : L’école du crime

Le Québec francophone ne connaît pas Louise Penny, qui remporte pourtant un succès international. C’est sur le point de changer, grâce à la publication d’En plein coeur, son premier polar traduit en français.

L’histoire de l’écrivaine, ancienne journaliste à la CBC, native de Toronto et maintenant établie à Sutton, ressemble à un conte de fées: "J’ai pris ma retraite de Radio-Canada en 1996 et j’ai fait l’erreur d’annoncer en ondes que je quittais pour écrire un roman", explique Louise Penny dans un très bon français. Une erreur, parce que dès qu’elle s’est installée à sa table de travail pour écrire, un rêve qu’elle caressait depuis l’âge de 8 ans, aucun mot n’est venu.

Pendant cinq ans, la lumineuse écrivaine a souffert du syndrome de la page blanche. Avec le recul, elle est en mesure d’expliquer pourquoi: "J’essayais d’écrire le meilleur livre jamais écrit. Je voulais qu’il plaise à tout le monde et j’étais paralysée par la peur", dit-elle au sujet de l’histoire qu’elle voulait mettre sur papier, inspirée de la vie de Marguerite de La Rocque de Roberval.

Louise Penny a retrouvé l’inspiration en 2001, à la suite de son installation à Sutton, où elle s’est liée d’amitié avec un groupe d’artistes composé d’écrivaines, de poètes et de danseuses: "On a baptisé notre groupe "Les Girls". On se rencontrait chaque mois, et jamais elles ne m’ont questionnée sur mes projets. J’ai vu qu’elles n’avaient pas peur du jugement des autres et qu’elles avaient le courage d’aller au bout de leurs rêves", raconte l’écrivaine. "Puis un jour, en regardant les livres sur mon bureau, des polars d’Agatha Christie et de Simenon, entre autres, j’ai compris que je devais écrire un livre que j’aimerais lire, et la peur s’est envolée", s’exclame celle qui a remporté le prix Agatha pour ses romans A Fatal Grace (2007), The Cruelest Month (2008) et The Brutal Telling (2009) ainsi que le prix Arthur-Ellis, au Canada, pour Still Life.

Tous les chemins mènent à Three Pines

En plein coeur, publié en 10 langues, finaliste pour le prix du meilleur roman de la décennie décerné par le Barry Award aux États-Unis, nous entraîne à Three Pines, un village fictif situé dans les Cantons-de-l’Est. Dès les premières pages, la petite communauté est secouée par le meurtre de Jane Neal, enseignante à la retraite et artiste à ses heures. Qui a commis le meurtre? C’est ce qu’est chargé de découvrir Armand Gamache, inspecteur en chef de la Sûreté du Québec.

Armé de son sens de l’observation, l’inspecteur en chef quinquagénaire, épicurien, cultivé et toujours amoureux de son épouse Reine-Marie (sûrement un ami de l’inspecteur Gonzague Théberge, créé par Jean-Jacques Pelletier!), examine et écoute les habitants de Three Pines, à la recherche des indices qui le conduiront au tueur. En plein coeur n’est pas un roman haletant rempli d’effusions de sang. Louise Penny brosse plutôt un subtil portrait de la vie dans un village, avec ses secrets, ses amitiés et ses animosités. Elle s’intéresse aussi à la psychologie des personnages, aux motivations qui conduisent au meurtre, aux différences qui existent entre les communautés anglophone et francophone qui se côtoient encore dans ce coin de la province.

Sans s’en rendre compte, on est happé par la fine écriture de Louise Penny, et petit conseil, si vous lisez dans l’autobus, prenez garde, vous pourriez rater votre arrêt.

En plein coeur
de Louise Penny
Éd. Flammarion Québec, 2010, 336 p.

En plein coeur
En plein coeur
Louise Penny
Flammarion Québec