Michel Houellebecq : La Carte et le Territoire
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Michel Houellebecq : La Carte et le Territoire

La parution d’un nouveau Houellebecq fait toujours grand bruit. Si l’arrivée en librairie de La Carte et le Territoire ne fait pas exception, force est de constater que le bruit est cette fois de nature différente. Alors qu’on déblatère en général sur le degré de pessimisme et d’irrévérence du petit dernier, ou encore sur l’avance faramineuse versée à l’écrivain, on parle surtout ces jours-ci, d’une voix quasi unanime, de la grande qualité de la livraison. De fait, si le controversé personnage nous donne une fois encore une radiographie sans concession de notre époque, s’attachant particulièrement à rendre les blues d’une ère industrielle qui est loin d’avoir tenu toutes ses promesses, il signe avant tout le portrait nuancé, infiniment humain, de Jed Martin, un artiste visuel dont la carrière oscille entre succès mirobolants et années creuses, durant lesquelles il croit n’avoir plus rien à dire. À la veille d’une nouvelle exposition, Martin entre en contact avec un écrivain connu pour lui demander d’écrire la préface du catalogue de l’expo, écrivain qui n’est autre que. Michel Houellebecq. S’engage alors entre les deux hommes, deux êtres à moitié étrangers au monde, que vient périodiquement sauver la création, une forme étrange et belle d’amitié. Critique du milieu de l’art contemporain, autoportrait enchâssé du romancier français – émouvant, souvent très drôle -, réflexion sur la solitude et sur la rareté de l’amour vrai, mais aussi roman policier (la dernière partie du livre est un authentique petit polar), La Carte et le Territoire est à ranger parmi les meilleurs Houellebecq. Comme quoi il y a d’autres moyens d’attirer l’attention que de dégueuler sur l’humanité. Éd. Flammarion, 2010, 427 p.

La Carte et le Territoire
La Carte et le Territoire
Michel Houellebecq
Flammarion