Québec en toutes lettres : Bouillon de littérature
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Québec en toutes lettres : Bouillon de littérature

Dominique Gagnon et Gilles Pellerin se réjouissent de l’engouement suscité par la création du festival Québec en toutes lettres. Effervescence littéraire et borgésienne.

À l’approche de la première édition de Québec en toutes lettres, un vent de fraîcheur non pas automnal, mais littéraire souffle sur la capitale. Tout le monde s’arrache les livres de l’Argentin Jorge Luis Borges, centre gravitationnel du festival, tandis que plusieurs rivalisent d’enthousiasme dans la réalisation de projets liés à cet auteur parmi les plus importants du 20e siècle. Ses nouvelles fantastiques, sa poésie et ses essais explorent entre autres le thème du labyrinthe, du bestiaire, de la science, des langages, de l’infini, du double et du rêve, pour ne nommer que ceux-là.

"On se ramasse avec une production très diversifiée autour de notre sujet, observe Gilles Pellerin, conseiller littéraire de l’événement. Surtout, je suis saisi par la lecture de l’oeuvre que ça a déclenchée en amont, partout et dans toutes les tranches d’âge." "On n’aurait pas pu demander plus de solidarité, poursuit Dominique Gagnon, directrice de la programmation. Le festival a développé une vie autonome; les gens font des liens sans qu’on soit au courant. Je me sens un peu comme une biologiste qui sort un frottis, va se coucher et, le lendemain, réalise que c’est en train d’envahir le labo." Une expérience "très borgésienne", remarque-t-elle.

En effet, grand lecteur devant l’Éternel (qui a eu "l’ironie splendide" de lui accorder "à la fois 800 000 livres à lire et la cécité", note-t-il dans ses Essais d’autobiographie), Borges incarnait l’idéal littéraire d’une culture sans frontières. "Il s’est intéressé à tout, précise Gilles Pellerin. Des physiciens disent même qu’il a pressenti des découvertes post-einsteiniennes. J’aime la formule du creuset; Borges, c’est quelque chose qui se dépose là et qui se met à se ramifier, à toucher à tout."

Dans un esprit similaire, la programmation réunit des activités tous azimuts et hybrides souvent difficiles à classer. "Alors, on a décidé d’y aller par verbes d’action", indique Dominique Gagnon. De sorte que le festivalier devra se demander s’il a envie de célébrer (lancements, remises de prix), de comprendre (tables rondes, discussions), de créer (ateliers), d’écouter (poésie, théâtre, musique), de lire (publications), de vivre (animations) ou de voir (expositions, films) la littérature.

Parmi les activités à ne pas manquer, elle cite OEuvres de chair, une rencontre intimiste entre des lecteurs et des auteurs dans des chambres d’hôtel, et Le Jardin mythologique, qui peut être abordé comme une aventure ou un zoo réunissant une douzaine des êtres imaginaires chers à Borges, tandis que son collègue mentionne le spectacle Échafauder l’infini, au carrefour de la science et de la littérature.

Globalement, l’événement vise à vitaliser le milieu littéraire de Québec, notamment pour retenir les jeunes auteurs en leur fournissant un environnement stimulant et des perspectives d’avenir. Une mission qu’il a déjà commencé à accomplir, à en juger par les forces vives qu’il a réussi à mobiliser avant même son lancement.

Programmation complète au www.quebecentouteslettres.com